Pride Month Music: Europe.

Avant de nous envoler vers le Moyen-Orient et le continent africain samedi prochain, faisons une ultime escale en Europe.

 

Jour 8: Italie + Autriche + Bulgarie.

 

 

Mahmood, ce nom ne vous êtes peut-être pas inconnu si vous avez suivi l’Eurovision cette année. En effet, ce jeune auteur-compositeur-interprète y représentait l’Italie avec sa chanson Soldi. Même s’il a terminé sur la deuxième marche du podium, j’ai été déçue qu’il ne gagne pas le concours. Soldi, un titre autobiographique qu’il a interprété avec sincérité à Tel-Aviv, m’avait déjà plu avec son mélange rap/chant.

Après le concours, j’ai glissé une oreille à la discographie du jeune milanais plus par curiosité qu’autre chose. Ma « connaissance » de la pop italienne se limite à Zucchero et Laura Pausini, je vais pouvoir y ajouter Mahmood. Mais qui se cache derrière ce pseudonyme ?

Alessandro Mahmoud naît en 1992 d’une mère sarde et d’un père égyptien. Lorsqu’il a cinq ans, ses parents divorcent et, sa mère l’élève seul. Soldi raconte d’ailleurs cette épreuve. A 20 ans, il auditionne lors de la saison six d’X Factor Italie mais, se fait éliminer au troisième épisode. Après cette déconvenue, il travaille dans un bar et, suit en parallèle des cours de piano et de musicologie. Il commence également à écrire ses propres chansons puis, sort en 2013 son premier single Fallin’ Rain.

En 2016, il participe au Festival de Sanremo, une compétition musicale organisée et diffusée sur la chaîne nationale RAI. Son titre Dimentica l’emmène jusqu’à la finale de la catégorie espoirs qu’il ne gagne pas. Dans le clip vidéo illustrant cette chanson, l’artiste y apparaît en blackface, un grimage raciste honteux. L’année suivante, il sort le single Pesos et partage un duo avec le rappeur Fabri Fibra sur le titre Luna. En 2018, il sort Gioventù bruciata, son premier EP. La même année, il se qualifie pour le festival 2019 de Sanremo et le remporte avec le titre Soldi. Le clip vidéo du morceau génère des millions de vues sur Youtube et devient la chanson italienne la plus écoutée de l’histoire sur Spotify. Gioventù bruciata, son premier album sorti en février 2019 comprend les six titres de son EP plus cinq inédits.

La pop électro de Mahmood, si elle n’a rien d’originale entre parfaitement dans le moule radiophonique. En effet, Gioventù bruciata concentre à lui seul des chansons idéales pour passer sur les ondes. Entêtants, la plupart des rythmes sont efficaces bien que trop souvent travaillés à coup d’effet sonores. Gioventù bruciata m’a bien plu avec son mélange de beats électro et guitare. J’ai accroché à l’électro/rap Anni 90 malgré certains effets sonores inutiles. Milano Good Vibes utilise avec parcimonie ces effets et, nous offre l’un des titres les plus pop de l’opus, un équilibre payant. Soldi reste toutefois mon morceau préféré.

Mahmood est ouvertement gay. Cependant, il déteste qu’on le catégorise par sa sexualité et déclare qu’en faisant ce genre de distinction, l’homosexualité ne sera jamais perçue comme normale. Il n’apprécie pas non plus qu’on en fasse de même avec ses origines et, se considère « cent pourcent Italien ». Le politicien d’extrême-droit Matteo Salvini ne semble pas voir les choses du même œil. Après la victoire de l’artiste à Sanremo, il s’est empressé de déplorer sa victoire face à Ultimo, chanteur de souches italiennes dont la chanson avait été plébiscitée par les votes du public.

Mahmood a écrit plusieurs chansons pour des artistes italiens.

 

 

 

Avant d’être sur le devant de la scène musicale, c’est sur les pistes de hockey sur glace que brillait Virginia Ernst. La jeune autrichienne a en effet débuté ce sport à l’âge dès trois ans et a même intégré l’équipe nationale. A 16 ans, elle dispute son premier championnat mondial en Corée du Sud. L’année suivante, elle remporte une médaille d’or aux championnats du monde en Finlande. Installée en Suède pendant trois ans, elle y poursuit une carrière d’hockeyeuse professionnelle et termine ses études. Au total, elle participera à cinq compétitions internationales et, se qualifiera avec son équipe pour les Jeux Olympiques.

Quand elle revient à Vienne en 2011, Virginia acquiert sa première guitare et apprend à en jouer grâce à des tutoriels Youtube. Elle commence aussi à coucher ses émotions sur le papier et participe, en Angleterre, à un atelier d’écriture de chansons qu’elle remporte. C’est à cette époque que l’artiste Martin Smith produit sa première chanson. De retour dans la capitale autrichienne, elle sort les singles I Wish, Let It Shine et Rockin (2014). Ce dernier occupe la deuxième place des charts autrichiens pendant plusieurs semaines. La même année, elle sort la chanson Soldier et devient l’une des artistes la plus jouée sous les ondes autrichiennes. Kiss (2015) et If Not Tonight (2016) produit à Londres allongent la liste des singles. L’artiste ne tarde pas à se faire remarquer par Universal Musique et One, son premier album voit le jour en 2017.

One célèbre l’amour et ses déboires au travers de mélodies pop. En deux mots, je dirais de ce disque qu’il est fleur bleue. Si vous n’êtes pas de nature sentimentale, vous n’accrocherez probablement pas mais, peut-être que la voix aigüe et légèrement cassée de la chanteuse vous séduira. Pour ma part, je la trouve sensuelle. Malheureusement, cet atout n’a pas suffit à me faire oublier le côté romantique de l’opus. Sans y adhérer complétement, cet aspect m’a parfois séduite. Rockin qui raconte un coup de foudre à la gare m’a embarquée avec sa pop/rock. Le clip vidéo est chou. Malgré sa naïveté romantique, Kiss est pas mal avec son rythme enjoué. Ma préférence va à Not A Love Song. Dans les paroles, la chanteuse y regrette que sa relation de sex friend ne se transforme pas en amour. Dans Soldier, l’artiste se met dans la peau d’un soldat pour y parler des traumatismes que cet engagement peut causer.

En août 2017, Virginia Ernst a épousé sa compagne Dorothea Prinz. L’artiste a publié une vidéo de son épouse et elle chantant en duo le jour de leur mariage. Ses derniers singles s'intitulent Lay Down (2018) et Look In These Eyes (2019).

 

Azis est un ovni sur la scène musicale bulgare. Ouvertement gay et rom, il offre une visibilité à ces deux communautés, discriminées par la société conservatrice de son pays. Sa popularité s’étend à d’autres pays des Balkans et, il est l’un des seuls artistes d’Europe de l’Est à assumer son homosexualité publiquement. Artiste phare de la tchalga (genre musical et danse pop folk bulgare), il est connu pour ses looks extravagants et parfois de drag queen affichés dans ses clips. Ces dernières années, pourtant, l’artiste semble avoir assagi son style.

Vasil Troyanov Boyanov de son vrai nom, naît en 1978 dans une prison Bulgare. Sa mère y purge une peine, incarcérée pour vente de vêtements importés, une activité que le régime communiste interdit.  A l’école il est moqué à cause de sa couleur de peau et, parce qu’il est efféminé. Après la chute du communiste en Bulgarie, sa famille déménage en Allemagne. Azis découvrir la pop américaine. Madonna et Michael Jackson deviennent ses références.

A huit ans, lorsque sa maîtresse d’école lui demande ce qu’il veut faire plus tard, Azis lui répond « je vais être une star ». En vingt ans de carrière, l’artiste a réalisé son rêve. Bolka (1999), Mazhete sashto plachat (2000), Salzi (2001), Azis (2002), Na golo (2003), Kralyat (2004), Together Zaedno s Desi Slava (2004), Azis 2005 (2005), Diva (2006), Gadna Poroda (2011) et Azis 2014 (2014) constituent son impressionnante discographie à laquelle s’ajoutent trois compilations et une vidéographie encore plus riche.

Je n’ai pas écouté tous les albums d’Azis mais, me suis intéressée à son dernier en date Azis 2014. La musique d’Azis, éloignée de ce que j’écoute d’habitude m’a dépaysée. Dès la première écoute, les influences orientales auxquelles l’artiste mêle ses mélodies frappent. J’ai eu l’impression d’écouter de la pop orientale. L’opus est bourré de titres festifs et sensuels invitant à se déhancher. Azis y marie rythmes traditionnels et beats électro avec une juste mesure. Trois morceaux sont mes favoris : Piy tsyala nosht, Mykonos, Ti za men si samo sex et Sen Trope. Des étalons musclés, Azis maquillé, en tenue scintillante et/ou perché sur des talons aiguilles sont au rendez-vous dans plusieurs vidéos de cet album. Par exemple, dans le clip de Hop, il est entouré d’éphèbes torses nus dans un sauna russe et, les paroles de sa chanson parlent du sexe entre hommes. Dans celui de Sen Trope, il arbore plusieurs looks féminins, se transformant alors en diva.

En 2006, lors de la demi-finale de l’Eurovision, il a interprété la chanson Let Me Cry avec la chanteuse Mariana Popova. La même année, il a épousé son compagnon mais, leur mariage n’était pas légalement reconnu en Bulgare. Le maire de Sofia a fait retirer en 2007 des affiches où le couple s’embrassait torse nu, jugeant qu’elles étaient choquantes. D’autres villes bulgares ont suivi le mouvement. Azis est père d’une petite fille. Son époux et lui sont séparés.

Azis a récemment sorti les singles Motel (2017), Pozna li me?, Ciganche et Jeno Biagai (2019) ainsi que Mamish, un duo avec l'artiste Galin (2019). Un nouvel album se profile-t-il à l'horizon?