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08/02/2014

Naissance d’une abomination ou la réécriture de la Guerre de Sécession et de la Reconstruction Américaine (Partie II).

Bien que certaines, les innovations et avancées établies par Naissance d’une nation ne doivent pas obscurcir son discours narratif raciste. Ce-dernier prend forme avec le portrait caricatural des Afro-américains et la réécriture de la Guerre de Sécession, puis de la Reconstruction américaine. Ces déformations sont d’autant plus dommageables, car Melvyn Stokes révèle que ce film fut le premier à parler de l’histoire américaine [1]. Régis Dubois qualifie les deux premières parties du film d’humanistes et pacifiques, car les personnages noirs y sont peu présents. A l’inverse, il estime que la dernière partie fortement raciste est un outil de propagande terrifiant. La manière dont Griffith dépeint les esclaves et les nouveaux libres va de pair avec des idées pro-Confédération façonnées, nous dit-il, par deux stéréotypes majeurs. D’une part, il reprend les caricatures de l’Oncle Tom et de la Mammy, deux figures qui ont fait les beaux jours des minstrel shows et du cinéma américain [2]. L’Oncle Tom est un terme péjoratif désignant une personne noire qui adopte un comportement servile face à des blancs ou qui cherche à entrer dans leurs bonnes grâces en se montrant excessivement conciliant. La Mammy ou nounou désigne une femme noire, souvent esclave, qui a pour charge de s’occuper des enfants d’une famille blanche. Cordon bleu par excellence, cette femme laide et asexuée est dotée d’un instinct maternel. Cordiale, déférente et courtoise envers les blancs, elle en vient à s’auto-dévaloriser. Elle est reconnaissable à son embonpoint et au bandana à petits pois attaché autour de sa tête. La « fidèle servante [3] » des Cameron (Jennie Lee) jouée par une actrice blanche grimée, incarne cette image. Partisane de la cause sudiste, elle déteste les noirs affranchis et impertinents du Nord, car ils convoiteraient les biens de son maître. Son collègue, personnification de l’Oncle Tom (Harry Braham) —également joué par un acteur blanc maquillé—partage ses opinions. Tous deux animés par une loyauté sans failles envers les Cameron n’hésitent pas à mettre leur vie en péril lorsque leur maître est arrêté, et quand la famille trouve refuge dans une cabane assiégée. D’autre part, Griffith introduit le stéréotype du buck représenté par Elias Lynch, Gus, et les noirs enragés vêtus de haillons qui sèment la panique à Piedmont. Le buck est un personnage noir, vicieux, assoiffé de pouvoir, et empli de désirs sexuels. Né après la Guerre de Sécession, il est l’incarnation du péché et du mal, car il menace les mœurs blanches et la société américaine dans son ensemble [4]. Donald Bogle ajoute à cette liste deux autres stéréotypes [5]. Les esclaves guillerets qui travaillent sur la plantation des Cameron sont des coons. Ce personnage candide popularisé par les minstrel shows, est insouciant et puéril. La maîtresse de Mr. Stoneman personnifie la mulâtresse tragique, une métisse déprimée et suicidaire, car elle ne parvient pas à s’intégrer dans la société blanche ni noire [6]. L’interprétation grotesque des acteurs et leur maquillage outrancier accentue le portrait dégradant que dresse Griffith.  Afin d’imposer un message idéologique raciste qui célèbre la race aryenne, Dubois note que le cinéaste exploite le langage filmique à sa disposition—montages, plans, transitions, effets. Naissance d’une nation, ajoute-t-il, est une puissante machine de propagande qui transforme une réalité historique en d’éhontés mensonges. Les esclaves émancipés, encouragés par les abolitionnistes et l’élite métisse, cèdent à la barbarie et à l’anarchisme, souillant ainsi la sacro-sainte démocratie blanche pour dominer la nation toute entière.  Le président Lincoln et les membres de l’Union, à l’opposé de ces boucs émissaires sont pardonnés. Dubois en conclu alors que Griffith lave, d’une part, les nordistes de tout torts puisqu’ils étaient des fantoches. D’autre part, il fédère les spectateurs blancs sous le drapeau américain, car finalement, ils sont tous frères [7].

A sa sortie, Naissance d’une nation ne tarda pas à s’attirer les foudres de nombreux détracteurs. The Crisis, le journal de la NAACP résumait dans un article de juin 1915 les principaux griefs imputés au long-métrage. Si le journaliste admettait que « les scènes les plus efficaces et sournoises du film avaient sans aucun doute eu lieu à un moment donné, quelque part dans le Sud, » il blâmait la généralisation vicieuse et inique qu’en faisait Griffith pour dépeindre la Reconstruction américaine dans son ensemble [8]. Le caractère pernicieux du film résidait, selon lui, « dans la dénégation de l’avancée des noirs émancipés et dans l’exaltation d’une guerre raciale [9]. » Naissance d’une nation, accusait-il, était à lui seul un titre déshonorant envers le combat des Présidents Washington et Lincoln qui n’eurent de cesse d’unifier la nation américain. Cette dernière, insistait-il, vit le jour bien avant la Guerre de Sécession [10]. Janet Staiger allonge cette liste de reproches en pointant du doigt la glorification de la criminalité et du lynchage en particulier vue comme immorale et une menace à l’ordre publique. La doctrine de déportation préconisée par le film était considérée comme antidémocratique, illicite et sans charité chrétienne [11]. Evans Fords du Chicago Defender, déplorait les préjudices raciaux crées par le film ainsi que sa présentation fallacieuse d’une domination noire dans le Sud [12]. Pour le Cleveland Advocate, la dernière partie du film était « une diffamation envers une race en difficulté … en aucun cas responsable des problèmes funestes qui s’étaient développés avec la Reconstruction américaine [13]. » Jane Addams, membre du conseil d’administration de la NAACP qualifiait le film de « caricature pernicieuse envers la [sic] race noire » lors d’une interview au New York Post [14]. « Les individus les plus vicieux et les plus grotesques » parmi la race noire, poursuivait-elle, avaient été rassemblés à l’écran où ils devenaient les représentants prétendument réalistes d’une race entière [15]. Addams aussi condamnait l’incitation aux préjugés raciaux prônée par l’épopée. Naissance d’une nation, bien qu’il se disait être un film historique avait, selon elle, montré la facilité avec laquelle on peut détourner l’histoire [16]. Dans les années qui suivirent la sortie du film, les critiques continuèrent à gronder. The Crisis, dans son numéro de février 1916, comparait l’état de guerre qui persistait en Europe à la guerre raciale que voulait perpétuer le film aux Etats-Unis.  Il décriait l’épopée comme étant « une diffamation indéfendable envers une race […] une mise en accusation d’une population entière des plus accablantes, car elle se prétend historique et impartiale. Naissance d’une nation n’est pas de l’histoire, c’est une parodie. Ce n’est pas du réalisme, c’est une abomination sauf peut-être du point de vue de la pure superproduction de masse [17]. »  En réponse à toutes ces attaques, Griffith déclara qu’en réalisant Naissance d’une nation, il avait montré : « les faits établis et présenté la vérité concernant la période de Reconstruction Américaine dans le sud. Ces faits sont basés sur une compilation accablante de preuves authentiques et de témoignages. Ma mise en image de l’histoire, en l’occurrence, n’exige ni excuse, ni défense, ni explications [18]. » Dixon soutint la véracité histoire du long-métrage, et à la première représentation de The Clansman en 1906 il affirma que son propos était « d’enseigner au Nord, le jeune Nord ce qu’il n’avait jamais appris—la souffrance terrible de l’homme blanc durant l’effroyable période de la Reconstruction Américaine. Je crois que Dieu le tout puissant a consacré les hommes blancs du Sud de par leur souffrance durant cette période […]  afin de démontrer au monde que l’homme blanc doit bel et bien être suprême [19]. » Le réalisateur comme l’écrivain soulignèrent que si le film ne décrivait pas les noirs de l’époque, il dressait un portrait réel des noirs durant la Reconstruction américaine [20].

La NAACP, porte-parole de la campagne contre Naissance d’une nation engagea une protestation nationale un mois avant la première du film à New York. Cette stratégie généra des conflits au sein de l’organisation, car beaucoup de ses partenaires financiers blancs s’opposaient à une censure du long-métrage [21]. Malgré tout, les dirigeants de la NAACP, infatigables, réclamèrent aux fonctionnaires d’Etat et aux membres de conseils municipaux d’interdire le film, et ils organisèrent des rassemblements à travers le pays [22]. Leur combat résulta dans le report de plusieurs projections, la coupure des scènes les plus outrageantes,  voire une censure dans des grandes agglomérations et des petites villes [23]. Le commissaire de police de Providence, la capitale du Rhode Island, refusa d’autoriser toute projection après qu’il ait vu le film à Boston. Grâce à l’acharnement de Charlotte Rumbold, la responsable municipale de l’accueil et des loisirs à St Louis dans le Missouri, le département de police interdit le film. En dépit d’une forte mobilisation, le film était projeté dans son  intégralité à Sacramento, Spokane, Tacoma, Portland et Seattle. A Chicago le film subit des modifications avant sa projection. A Boston il devint presque incompréhensible tant la plupart des scènes de viol ou de tentative de viol avaient été coupées [24]. A Oakland où les habitants Afro-américains s’étaient opposés vigoureusement au film, celui-ci fut amputé de beaucoup de scènes offensantes. A Tacoma, la branche de la NAACP unit ses efforts à ceux de citoyens locaux, et le conseil municipal vota un décret. Ce dernier interdisait en autres la diffusion de productions à caractère « brutal ou qui incitent aux émeutes raciales, ou à la haine raciale, ou qui représentent ou prétendent représenter la pendaison, le lynchage, l’immolation ou qui se placent dans une position d’ignominie, ou qui placent toute personne [dans cette situation], ou qui incitent cette même personne à la haine raciale [25]. Dans l’Ohio, les producteurs du film attentèrent un procès à la commission de censure de l’Etat pour qu’elle leur attribua un permis de diffusion. La cour suprême de l’Etat trancha finalement en faveur de la censure [26]. A Charleston, en Virginie Occidentale, le film accusé de « d’éveiller la haine et les préjugés entre les races noires et blanches de l’Etat, et susceptible de freiner et de retarder la coopération correcte entre les races » durant l’effort de guerre fut banni [27]. Stephen Weinberger rapporte que ces victoires furent de courte durée et que pendant la seconde moitié de l’année 1916, on pouvait visionner le film presque partout [28]. Les défenseurs de l’épopée affirmèrent que son interdiction était requise par les partisans du mariage interracial. Ils insistèrent sur le fait que l’on devait respecter le Premier Amendement et mirent en avant les qualités artistiques du film pour justifier sa projection [29]. Pendant ce temps, des émeutes et des manifestations secouaient Boston, New York, San Francisco, Los Angeles, Philadelphie ainsi que des petites villes particulièrement dans l’est et le Mid-ouest. Après la projection du film à Atlanta, Glen Feldman rapporte que William Joseph Simmons—fondateur du nouveau Klan—et à peu près vingt hommes brûlèrent une croix sur une colline en dehors de la ville. Des membres du Klan précédent assistèrent à la cérémonie [30]. Afin que la propagande de son nouveau Klan ainsi crée porte ses fruits, Simmons faisait circuler des publicités de pour l’organisation et des publicités pour le film lors de projections. Plus tard, Nancy MacLean ajoute que le film fut utilisé à des fins de recrutements potentiels par le Klan [31].

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Une manifestation contre le film, en 1915 à Boston.

 

Selon Gerald Wood, ce vent de protestation fit émerger une conscience noire dans plusieurs villes. En outre, elle renforça le soutient des noirs et des libéraux à la NAACP dans son combat [32]. A l’opposé, Weinberger admet que cette campagne détourna l’attention de la NAACP de son combat envers « des formes de racisme plus tangibles qui affectaient » les Afro-américains à l’échelle nationale. Cette opposition épuisa, selon lui, les « ressources financières très limitées » de  l’organisation dédiées à leur action sur le terrain [33]. Pour Stokes, cette protestation eu un double contre-effet. D’une part, elle généra davantage de publicité pour le film. D’autre part, Hollywood  tira à long terme de cette controverse une leçon de prudence dans son traitement des thèmes raciaux. Plusieurs années après la sortie de Naissance d’une nation, les noirs se faisaient rares dans les films à grand public, et quand ils y apparaissaient, leurs rôles restaient stéréotypés. L’idée de représenter des relations interraciales au cinéma rebuta également Hollywood à long terme. En 1927, la Motion Picture Producers and Distributors of America (MPPDA) publia des recommandations à ses studios partenaires sous le titre Dont’s and Be Careful. L’une de ces interdictions concernait la mise en scène de la mixité décrite comme «  des relations sexuelles entre la race blanche et la race noire. » Le Code de Production ou Code Hays adopté en 1930 réaffirma cette interdiction en utilisant la même formule [34].

Les années passant, la controverse fut loin de se tasser. Stokes explique cette situation par la peur qu’un remake du film ne voit le jour, ou bien qu’il ne ressorte sous un nouveau format comme ce fut le cas en 1930 dans une version synchronisée. D’ailleurs, l’historien révèle que David O. Selznick, peu de temps avant d’acquérir les droits d’Autant en emporte le vent considéra un temps l’idée d’un remake. En 1954, un autre projet de remake n’aboutit pas à cause de la controverse et la publicité négative qu’il souleva [35]. Chaque fois  qu’une projection de Naissance d’une nation était prévue, la NAACP répliquait si bien qu’entre 1915 et 1973 le droit de diffuser le film « fut contesté au moins 120 fois [36]. » En 1923,  elle adressa une pétition au maire de Boston pour lui demander de ne pas projeter le film. En 1930, alors qu’une sortie de Naissance d’une nation accompagnée d’une bande originale était prévue, elle exigea que la MPPDA la censure [37]. En 1972, l’Université du Wisconsin annula à la dernière minute une projection du film. En mars 1978, le musée municipal de Riverside en Californie l’imita. En août, des violences explosèrent à Oxnard en Californie après que le Ku Klux Klan ait essayé de diffuser le film. En 1979, l’Université de Caroline du Nord décida de ne pas projeter le films après que des étudiants Afro-américains aient manifesté contre. En 1989, l’Université de Brown retira le film d’une programmation après des protestations locales. En 1992, la chaîne de cinéma Turner Classic renonça à diffuser le film au dernier moment. Le procès d’O.J. Simpson se tenait à cette période, et elle craignait qu’une diffusion n’entraîne des violences raciales ou d’autres incidents[38].


[1]Stokes, D.W. Griffith's the Birth of a Nation, p.6. [2]Dubois,  Le cinéma des noirs américains, p.17. [3]David W. Griffith, Naissance d’une nation  (1915). [4]Dubois,  Le cinéma des noirs américains, p.17. [5]Barrett, Shooting the Civil War, cite à la page 139 Donald Bogle, Toms, Coons, Mulattoes, Mammies & Bucks: An Interpretive History of Blacks in American Films (4ème edition, Continuum, New York, 2001), p.4-15. [6]Dubois,  Le cinéma des noirs américains, p.15. [7]Dubois,  Le cinéma des noirs américains, p.20-21. [8]The Crisis, “The Birth of a Nation” dans la section “Opinions,” (Volume 10, N°56), p.69. [9]The Crisis, “The Birth of a Nation” dans la section “Opinions,” (Volume 10, N°56), p.69. [10]The Crisis, “The Birth of a Nation” dans la section “Opinions,” (Volume 10, N°56), p.69. [11]Staiger, Interpreting Films p.143. [12]amst103.2012.blogpost.fr, “The Response to The Birth of a Nation” cite le Chicago Defender (2 octobre 1915) consultée le 6 juillet 2013. [13]dbs.ohiohistory.org, Cleveland Advocate (Volume 2, N°20 , 25 septembre 1915) p.1, consultée le 8 juillet 2013. [14]Historymatters.gmu.edu, “Reformer Jane Addams Critiques The Birth of a Nation” cite le New York Post (13 mars 1915), consultée le 11 juillet 2013. [15]Historymatters.gmu.edu, “Reformer Jane Addams Critiques The Birth of a Nation” cite le New York Post (13 mars 1915), consultée le 11 juillet 2013.[16]Historymatters.gmu.edu, “Reformer Jane Addams Critiques The Birth of a Nation” cite le New York Post (13 mars 1915), consultée le 11 juillet 2013. [17]The Crisis, “The Birth of a Nation” dans la section “Opinions,” (Volume 11, N°64), p.175. [18]Robert Lang, The Birth of a Nation: D.W. Griffith, Director (Rutgers University Press, New Brunswick, New Jersey, 1994) cite à la page 3  une lettre de D.W. Griffith à Sight & Sound, 1947. [19]Thomas Cripps, Slow Fade to Black : The Negro in American Film, 1900-1942 (Oxford University Press, New York, 1993) cite Thomas Dixon .Jr à la page 44. [20]Staiger, Interpreting Films p.143. [21]Lang, The Birth of a Nation p.198. [22]journals.cambridege.org/ cites, Stephen Weinberger, The Birth of a Nation and the Making of the NAACP, (Cambridge University Press, Cambridge, 2010), p.78 consulted on 4 April, 2011.[23]Lang, The Birth of a Nation p.198; Stephen Weinberger, The Birth of a Nation p.78. [24]The Crisis, “Photo Plays and Branches,” (Volume 10, N°59, septembre 1915), p.245. [25]The Crisis, “The Birth of a Nation,” (Volume 10, N°60, octobre 1915), p.295. [26]dbs.ohiohistory.org, Cleveland Advocate, “Birth of a Nation Loses Its Battle,” (Volume 3, N°8, 1 juillet 1916) p.1, consultée le 8 juillet 2013. [27]dbs.ohiohistory.org, Cleveland Advocate, “The Birth of a Nation Banned in West Va.” (Volume 5, N°8, 29 juin 1918), p.5, consultée le 8 juillet 2013. [28]Weinberger, The Birth of a Nation p.78. [29]Lang, The Birth of a Nation, p.198 et 203. [30]David Holloway, John Beck, eds., American Visual Cultures (Continuum, New York, 2005), p.56 cites “Birth of a Nation Run out of Philadelphia”, Chicago Defender, 25 September 1915, p.1. [31]Julie Novkov, Racial Vision: Law, Intimacy, and the White State in Alabama, 1865-1954 (The University of Michigan Press, 2008), p.113 cites Glen Feldman, Politics, Society, and the Klan in Alabama 1915-1949 (Tuscaloosa and London, The University of Alabama Press, 1999), pp.12-13. [32]Novkov, Racial Vision cites on page 113 Nancy MacLean, Behind the Mask of Chivalry (Oxford University Press, New York, 1994), p.13. [33]xroads.virginia.edu/ « Public Reception of The Birth of a Nation and Its Influence on David O. Selznick” cite“From The Clansman and The Birth of a Nation to Gone with the Wind: The Loss of American Innocence” de Gerald Wood dans Darden Asbury Pyron, ed., Recasting: Gone with the Wind in American Culture (Miami Presses of Florida, Miami, 1983) pp.124-125, consultée le 4 avril, 2011. [34]Weinberger, The Birth of a Nation p.79. [35]Stokes, D.W. Griffith's the Birth of a Nation, p.8. [36]Stokes, D.W. Griffith's the Birth of a Nation, p.9. [37]Lang, The Birth of a Nation, cite à la page199 Nickieann Fleener-Marzec, D. W. Griffith’s The birth of a nation: controversy, suppression, and the First Amendment as it applies to filmic expression, 1915-1973 (Arno Press, New York, 1980), p.483. [38]Weinberger, The Birth of a Nationp.79.

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Naissance d’une abomination ou la réécriture de la Guerre de Sécession et de la Reconstruction Américaine (Partie I).

Le 8 février 1915, Naissance d’une nation fut présenté pour la première fois au public américain. Réalisée par David Wark Griffith (1875-1948), cette épopée monumentale mobilisa « 18 000 personnes, 3000 chevaux, coût[a] 500 000 $ [et il fallut] huit mois pour la produire. Des scènes facsimilées plus grands épisodes de l’histoire américaine ainsi que des batailles avec des vues rapprochées de Lincoln, Grant, Lee et d’autres personnages célèbres » y étaient rejouées [1]. Naissance d’une nation est l’adaptation de The Clansman, an Historical Romance of the Ku Klux Klan (1905), roman à succès et pièce de théâtre écrite par Thomas Dixon, Jr. (1864-1946). Fils d’un pasteur Baptiste et fermier, Dixon grandit en Caroline du Sud, et alla à l’école de manière régulière qu’à partir de ses treize ans. Cet élève brillant poursuivit ensuite des études universitaires avant d’être ordonné pasteur [2]. L’écrivain « porté sur et obsédé par la pureté généalogique blanche … personnifiait les opinions les plus racistes et sadiques du début de XXème siècle [3]. » Griffith né dans une ferme modeste du Kentucky était le fils d’un ancien soldat confédéré. Son éducation scolaire resta formelle, et il sillonna d’abord le pays en tant qu’acteur dans des petites productions théâtrales avant de passer derrière la caméra [4]. Bien que partisan de la suprématie blanche, Griffith était un « Démocrate conventionnel du Sud » davantage intéressé de « s’établir en tant qu’artiste innovateur dans un nouveau média révolutionnaire [5]. » Néanmoins, Michele Faith Wallace souligne que les deux hommes issus de la classe ouvrière blanche craignaient qu’une domination noire ne voie le jour. Ils redoutaient « l’impureté raciale qui conduirait à une dégénérescence culturelle et une invisibilité de la race blanche [6]. » Partisans du darwinisme social, ils postulaient qu’un « ordre intrinsèque » régulait l’univers naturel [7].

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Thomas F. Dixon (gauche), D.W. Griffith (droite).

 

The Clansman s’ouvre peu après que le Général Lee signe, à Appomattox, en Virginie, le traité de paix mettant définitivement un terme à la Guerre de Sécession (1861-1965). Dans un hôpital militaire de Washington, la jeune Elsie Stoneman et Ben Cameron, un colonel blessé de l’armée Confédérée se rencontrent pour la première fois [8]. Le récit de Griffith, à l’inverse, offre au spectateur un prologue antérieur à la guerre et dépeint certains évènements historiques qui ont eu lieu au cours des hostilités [9]. Les tribulations de deux familles, l’une nordiste, et l’autre sudiste, sont ainsi relatées. Austin Stoneman (Ralph Lewis), membre de la Chambre des représentants et abolitionniste influent, vit avec les siens en Pennsylvanie. Ce personnage associé à la désunion future du pays a été souvent perçu comme une caricature de Thaddeus Stevens (1792-1898) [10]. Stevens, leader de l’aile radicale du parti républicain, fut un puissant membre de la Chambre des représentants en Pennsylvanie. Ses partisans et lui militaient pour les droits des esclaves émancipés et, après la Guerre de Sécession, il était d’avis à ce que les plantations du Sud aient été réparties entre les nouveaux libres [11]. Lorsque le Président Lincoln mourut en 1865, nombres de sudistes l’accusèrent alors de vouloir leur imposer un programme draconien pour reconstruire la région [12]. Outre ses prises de positions progressistes similaires à ces dernières, Jenny Barrett souligne le double handicap dont souffre Stoneman. Le premier, de nature physique, l’oblige à se déplacer avec une canne. Le second, incarnation d’une perversion morale, est le fruit de sa relation adultérine avec Lydia Brown (Mary Alden), sa gouvernante métisse. Idéalisée par sa fille Elsie (Lillian Gish), Mr. Stoneman est également père de Tod et Phil. A l’autre bout du pays, le très respecté Docteur Cameron (Spottiswoode Aitken) habite en Caroline du Sud avec sa famille. Son épouse (Josephine Cromwell), est une mère dévouée aux allures de matrone. Ensemble, ils ont trois fils et deux filles. Ben (Henry B. Walthall), est un beau jeune homme à l’intégrité sans failles, Duke (Maxfield Stanley) un pur produit patriotique du Sud et Wade (J.A. Beringer), un adolescent espiègle et insouciant. Margaret (Miriam Cooper), est l’une de ces jeunes femmes bien éduquées dont le Sud recèle et Flora (Mae Marsh), la « petite sœur chérie [13] » de la famille est une jeune femme innocente qui idolâtre ses frères aînés. Ce parfait portrait de famille est à l’image de la vie idyllique que mènent les esclaves sur leur plantation de coton [14]Alors que les fils Stoneman rendent visite à leurs amis les Cameron, Phil tombe amoureux de Margaret et, Ben s’enamoure d’Elsie en voyant une photo d’elle. Peu après, la Guerre de Sécession éclate, et les Stoneman se rallient à la Confédération tandis que les Cameron soutiennent l’Union.

Naissance d’une nation fut, à sa sortie, un succès commercial qui attira 5 000 000 de spectateurs américains [15]. Melvyn Stokes, dans son étude sur l’histoire de Naissance d’une nation parue en 2007, offre des informations afin d’appréhender sa portée en 1915. Tout d’abord, il souligne les changements techniques instaurés par Griffith. Avant la sortie de son épopée, les films étaient constitués d’une seule bobine et duraient environ quinze minutes. Ainsi donc, leur coût de production se limitait à quelques centaines de dollars. Naissance d’une nation fut le premier film composé de douze bobines, mais aussi le premier à durer environ trois heures et à coûter 100 000 $. Il était à l’affiche dans des salles de cinéma standards à des tarifs uniformes qui pouvaient s’élever jusqu’à 2$ si sa projection était accompagnée par un orchestre symphonique. Auparavant, les films étaient projetés dans des salles de cinéma locales appelées Nickelodeon [16]. Nées au début XXème, ces petites salles de cinéma de quartier tirent leur préfixe de nickel, nom donné à la pièce de cinq cents que les spectateurs devaient glisser dans la fente d’un tourniquet pour entrer à l’intérieur. Le suffixe grec odeon signifie quant à lui théâtre [17]. Aux environs de 1910, les exploitants décidèrent d’élargir leur clientèle en ouvrant leurs portes à des familles de la classe moyenne. A ces fins, ils construisirent de nouvelles salles de cinémas plus spacieuses telles que le Columbia (1911) et le Regent (1913) à Détroit, et le Stand (1914) à New York. Néanmoins, en 1915, il y avait encore peu de grands cinémas, et des salles avec 300 sièges étaient toujours en construction. Les courts-métrages diffusés dans les Nickelodeon avaient pour principaux spectateurs des personnes de la classe ouvrière urbaine. En général, leur diffusion était agrémentée de musique jouée au piano, mais cet accompagnement n’avait pas de fonction diégétique, c’est-à-dire qu’elle n’avait pas de lien avec l’histoire racontée. En 1909 ou 1910, les producteurs comprirent l’utilité de la musique et l’employèrent pour mettre en valeur leur histoire. S’il n’était le premier film à être vendu à des exploitants pendant des projections en tournée ou road shows, Naissance d’une nation fut le premier à être beaucoup diffusé de la sorte. Lors de séances au cinéma, une bande son spécialement compilée accompagnait le film. A cette première s’ajoutait le tout aussi nouveau et incomparé succès commercial de Naissance d’une nation. L’épopée fut visionnée par un nombre considérable d’Américains ordinaires. Certains d’entre eux parcouraient de longs trajets pour voir la sensation du moment. Beaucoup de spectateurs retournèrent le voir une ou plusieurs fois, autre fait nouveau dans l’histoire du cinéma de l’époque. Par conséquent, il resta des mois durant à l’affiche dans plusieurs salles de cinéma. Pour Stokes, la rentabilité hors pair du film en son temps a permis d’ouvrir de nouveaux marchés pour les films nord et sud-américains. En effet, nombre de spectateurs virent à travers le monde Naissance d’une nation [18]. Le film conquit d’abord la Scandinavie en sortant le 22 mars 1918 au Danemark, puis le 23 septembre 1918 en Suède. Les français durent attendre le 22 octobre 1920 pour le découvrir, les espagnols le 13 octobre 1921, et les finlandais le 16 avril 1922. Le 25 avril 1924, l’épopée sortit au Japon [19]. Georges Sadoul, quant à lui, affirme que cet immense succès « a permis de reconfigurer l’industrie cinématographique Américaine [20]. » En d’autres termes, il soutient que la naissance future d’Hollywood a été ainsi assurée et les débuts d’une hégémonie dans le cinéma Américain scellés [21]. De plus, ce long-métrage signale selon lui, l’arrivée à maturité du septième art américain dorénavant libéré d’un sentiment d’infériorité en comparaison des productions européennes. Dans le même esprit, Stokes attire l’attention sur le bénéfice professionnel que le film apporta aux critiques. Avant 1915, beaucoup d’entre elles avaient le sentiment de juger des films éphémères, de simples divertissements médiocres conçus pour un public de masse. Ces productions s’opposaient aux arts du spectacle tels que l’opéra ou le théâtre plus traditionnels mais surtout plus nobles. Ainsi donc, Naissance d’une nation : « valid[a] et légitim[a] leur rôle professionnel [22]. » Plusieurs d’entre elles admirent que le film remettait en question la suprématie artistique du théâtre. Elles considéraient l’impact émotionnel qu’avait le film sur ses spectateurs bien plus important que celui du théâtre. La synthèse d’images et de musique portée à l’écran était pour sa part perçue comme la mise en forme d’un art nouveau [23].         

 

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Michele Faith Wallace déplore le fait que les études récentes sur le film muet se concentrent davantage sur ses aspects formels au détriment de son contenu narratif. Malgré le foisonnement de recherches qui a été publié sur Naissance d’une nation, celui-ci n’a pas, d’après elle, permis de mieux éclairer le discours raciste de Griffith [24]. Comme j’ai pu le constater, de nombreuses critiques contemporaines—du moins positives— s’attardaient sur l’esthétisme et les qualités techniques de l’épopée. Le pseudo contenu historique du film souvent incontesté était fréquemment jugé au travers de ces prouesses qualitatives. Autre fait notable, la forme et le fond constituaient deux parties bien distinctes dans les avis critiques. J’ai choisi de citer les critiques élogieuses et les critiques réprobatrices séparément afin de mettre en lumière les différents enjeux que symbolisait l’épopée. Pour la communauté blanche, il semble que Naissance d’une nation ait été accepté principalement comme un chef d’œuvre artistique pionnier en termes d’avancées techniques, et comme un document historique véridique. Les voix dissonantes que j’ai relevées émanaient toutes ou presque de la presse Afro-américaine, de personnalités noires et de la NAACP. Chacune d’entre elles pointaient du doigt le tissu de falsifications historiques et de calomnies raciales porté à l’écran.

     Dans son article du 11 mars 1915 consacré à Naissance d’une nation, Variety sacrait Griffith comme « le meilleur cinéaste au monde [25]. » Selon le journaliste, en apportant de nombreuses innovations dans la réalisation cinématographique, Griffith avait érigé cette dernière au rang d’art. L’exploit sans pareil qu’il avait accompli en emmenant au box-office un film pour lequel des spectateurs devaient parfois débourser 2 $ était ensuite applaudi. Les six mois de tournage nécessaire à l’équipe pour finaliser leur œuvre, la patience et la minutie de Griffith avaient quant à eux permis d’élaborer une « une pièce sans dialogues, palpitante et dramatique qui ne se dissipera pas du jour au lendemain dans les esprits [26]. » Naissance d’une nation, incarnait « une grande ère dans la réalisation filmique ; il [était] valorisant pour le cinéma, et il [était] valorisant pour le nom et la renommée de David Wark Griffith. Quand un homme tel que Griffith dans un domaine nouveau peut faire ce qu’il a fait, il peut lui aussi être acclamé de son vivant [27]. » Pour Dothory Dix Naissance d’une nation était « l’apothéose du film [28]. » Le New York American déclarait que le film « gratifi[ait] les spectateurs d’un frisson [] longtemps absent de la scène [29]. » Le New York Sun affirmait que : « jamais auparavant une telle combinaison fulgurante d’histoire, de spectacle, et de tension dramatique avait été déroulée devant un public [30]. » Le Salt Lake News complimentait : « le plus extraordinaire des films si merveilleux dans sa conception qu’il semble impossible de l’envisager comme venant du cerveau d’un seul homme [31]. » Le scénariste et réalisateur Rupert Hughes disait que « il faisait la plus spectaculaire production théâtrale ressembler au travail d’une bande d’amateurs. Il réduit en gamineries les plus grandes choses que le théâtre peut réaliser [32]. » Le contenu historique du film accepté comme parole d’évangile était indissociable pour les critiques de la forme artistique. Si l’on s’étonne aujourd’hui du manque de contestation de ce discours raciste, l’historien Jim Cullen rappelle que la Guerre de Sécession et les épisodes qui l’ont suivie sont connus de la plupart des américains à travers la culture populaire. Michele Faith Wallace explique cette situation qui perdura au moins jusque dans les années soixante par le fait que tous les américains ne partagent pas la même histoire [33]. Ainsi donc, la véracité de Naissance d’une nation était authentifiée, d’une part, grâce au réalisme avec lequel Griffith avait mis en scène des séquences phares. Le budget colossal—pour l’époque—dont le réalisateur bénéficiait lui permit d’avoir de beaux costumes, d’engager de nombreux figurants, de présenter plusieurs décors, et d’utiliser l’art de la pyrotechnie. Aidé de livres d’histoire et de photographies, Griffith s’efforça de reconstituer méticuleusement le siège de Petersburg (15 juin 1864- 24 mars 1865) la prise d’Atlanta (22 juillet 1864), la signature du traité de paix (9 avril 19865), l’assassinat de Lincoln (14 avril 1865) ou encore des séances au Congrès. Tous ces décors étaient similaires à ceux d’origine [34]. Pour le critique du New York Times les images de batailles filmées en panoramique « représentent des efforts énormes » en termes de réalisation. La scène où l’on assiste au meurtre de Lincoln dans une reproduction de l’auditorium du Théâtre Ford à Washington l’impressionna. D’un point de vue visuel, il admettait que le meilleur restait « la chevauchée nocturne des hommes du Ku Klux Klan qui ressemblent à une troupe de militants vengeurs et fantomatiques balayant les routes éclairées par la lune [35]. » La vive émotion que l’épopée suscita auprès des spectateurs, également signe de réalisme, facilita d’autre part l’acceptation du discours historique de Griffith par certains. Si le jeu des acteurs n’y était pas innocent, l’histoire des Cameron et des Stoneman était tout aussi capitale. Selon Jenny Barrett, les spectateurs en empathie avec leurs ancêtres confrontés à des épreuves intérieures vivaient, tout comme eux, leur « propre Guerre de Sécession [36]. » Sans surprise, plusieurs critiques mettaient en avant un argument patriotique pour susciter davantage d’engouement chez leurs lecteurs. Dorothy Dix encourageait ses lecteurs à visionner : « cette histoire ravivée et rendue vivante. Allez [la] voir pour cette raison … Allez la voir, car elle fera de vous un meilleur américain car c’est dans le baptême sanglant de la Guerre de Sécession que naquit une nation nouvelle et indivisible [37]. » En 1922, le Lincoln County Leader de Walport dans l’Oregon garantissait qu’aller voir ce film « vous ferait d’autant plus apprécier le fait d’être UN AMERICAIN [38]. » Des personnes extérieures au monde du journalisme et du cinéma réagirent, elles aussi, à la sortie du film. Le président Woodrow Wilson, après la projection du film à la Maison Blanche, s’écria que ce film était : « comme écrire l’histoire avec la foudre, et mon seul regret est que tout cela est terriblement vrai [39]. » Le gouverneur Johnson de Californie applaudit : « le plus glorieux accomplissement dans toute forme d’art confondu qu’il n’ait jamais vu [40]. » Le pasteur Thomas Gregory se dit prêt à jurer de la véridicité de Naissance d’une nation sur une Bible [41]. L’un de ses confrères, le Pasteur John Talbot Smith prétendait que  « seule une critique intolérante, partiale accuserait le producteur de ce film de quelque ressentiment ou représentation tendancieuse envers les personnes de couleur [42]. » Dans le même ton, le critique de Variety complimentait Griffith pour sa connaissance du Sud et de son aptitude à réaliser un film qui plairait à toutes les classes blanches [43]. » Le journaliste du New York Times révélait, lui, que Dixon n’avait voulu vendre les droits de The Clansman qu’à un fils de soldat Confédéré [44]. Ces propos sont en accord avec le contexte raciste et ségrégationniste de l’époque. Ils révèlent, à mon sens, les plaies béantes de la Guerre de Sécession traduites ici par une nostalgie pour le vieux Sud. Selon Scott Simmons, le film de Griffith est en accord avec les travaux universitaires sur l’histoire américaine parus au début de XXème siècle [45].


[1]The Poughkeepsie Journal, affiche promotionnelle pour la projection de Naissance d’une nation à l’opéra Collingwood de New York. Volume 56, N°17098, 22 décembre 1915, p.7. [2]docsouth.unc.edu, “The Clansman: An Historical Romance of the Ku Klux Klan : Summary,” consultée le 4 juillet 2013. [3]Michele Faith Wallace, “The Good Lynching and The Birth of a Nation: Discourses and Aesthetics of Jim Crow,” dans le Cinema Journal (43, No. 1, automne 2003), p.86. [4]pbs.org, “About D.W. Griffith,” consultée le 5 juillet 2013. [5]Wallace, “The Good Lynching,” p.86. [6]Wallace, “The Good Lynching,” p.99. [7]Wallace, “The Good Lynching,” p.99. [8]docsouth.unc.edu,The Clansman: An Historical Romance of the Ku Klux Klan: Summary,” consultée le 4 juillet 2013. [9]Jenny Barrett, Shooting the Civil War: Cinema, History and American National Identity (I.B. Tauris, New York, 2009), p.127-128. [10]Barrett, Shooting the Civil War, p.132. [11]neh.org, Steve Moyer “Remarkable Radical: Thaddeus Stevens” dans Humanities (novembre et décembre 2012, volume 33, N°13), consultée le 4 juillet 2013. [12]Barrett, Shooting the Civil War, p.131-132. [13]Barrett, Shooting the Civil War, p.132. [14]Barrett, Shooting the Civil War, p.132. [15]The Poughkeepsie Journal, p.7. [16]Melvyn Stokes, D.W. Griffith's the Birth of a Nation: A History of the Most Controversial Motion Picture of All Time (New York, Oxford University Press, 2007), p.3-4. [17]Marie-Thérèse Journot, Le vocabulaire du cinéma (3ème édition, Armand Colin, Paris, 2012), p.84. [18]Stokes, D.W. Griffith's the Birth of a Nation, p.3-4-5. [19]imdb.com, « Naissance d’une nation Release Info, » consultée le 4 Juillet 2013. [20]Stokes, D.W. Griffith's the Birth of a Nationp.5. [21]Dubois, Le Cinéma des noirs américains p.18. [22]Stokes, D.W. Griffith's the Birth of a Nation, p.3-4. [23]Stokes, D.W. Griffith's the Birth of a Nation, p.4. [24]Wallace, Cinema Journal , p.85-86. [25]variety.com, “Review: The Birth of a Nation,” le 11 mars 1915, consulté le 7 juillet 2013. [26]variety.com, “Review: The Birth of a Nation,” le 11 mars 1915, consulté le 7 juillet 2013. [27]variety.com, “Review: The Birth of a Nation,” le 11 mars 1915, consulté le 7 juillet 2013. [28]chroniclingamerica.loc.gov cite The Sun, Dorothy Dix “The Birth of a Nation Film Masterwork, Says Dorothy Dix,” 21 mars 1915, p.7, consulté le 5 juillet 2013.[29]chroniclingamerica.loc.gov cite “The Birth of  a Nation Adapted from Thomas Dixon’s Story The Clansman,” Star, 26 juin1915, p.2, consulté le 5 juillet 2013. [30]chroniclingamerica.loc.gov cite “The Birth of  a Nation Adapted from Thomas Dixon’s Story The Clansman,” Star, 26 juin1915, p.2, consulté le 5 juillet 2013. [31]chroniclingamerica.loc.gov cite “World’s Mightiest Spectacle,” dansle Daily Capital Journal, 19 juillet 1915, p.5, consultée le 5 juillet 2013. [32]chroniclingamerica.loc.gov cite “The Birth of  a Nation Adapted from Thomas Dixon’s Story The Clansman,” Star, 26 juin1915, p.2, consultée le 5 juillet 2013. [33]Wallace, Cinema Journal , p.87-88. [34]Dubois,  Le cinéma des noirs américains, p.20. [35]query.nytimes, “The Birth of a Nation: Film Version of Dixon’s The Clansman Presented at the Liberty,” le New York Times, 4 mars 1915, consultée le 5 juillet 2013. [36]Barrett, Shooting the Civil War, p.137. [37]chroniclingamerica.loc.gov cite The Sun, Dorothy Dix “The Birth of a Nation Film Masterwork, Says Dorothy Dix,” 21 mars 1915, p.7, consulté le 5 juillet 2013. [38]chroniclingamerica.loc.gov cite le Lincoln County Leader, 22 juin 1922, p.2, consultée le 5 juillet 2013. [39]pbs.org, “Jim Crow Stories,” consultée le 5 Juillet 2013. [40]chroniclingamerica.loc.gov cite “The Birth of  a Nation Adapted from Thomas Dixon’s Story The Clansman,” Star, 26 juin1915, p.2, consultée le 5 juillet 2013. [41]chroniclingamerica.loc.gov cite “World’s Mightiest Spectacle,” dansle Daily Capital Journal, 19 juillet 1915, p.5, consultée le 5 juillet 2013. [42]chroniclingamerica.loc.gov cite “World’s Mightiest Spectacle,” dansle Daily Capital Journal, 19 juillet 1915, p.5, consultée le 5 juillet 2013. [43]variety.com, “Review: The Birth of a Nation,” le 11 mars 1915, consulté le 7 juillet 2013. [44]query.nytimes, “The Birth of a Nation: Film Version of Dixon’s The Clansman Presented at the Liberty,” le New York Times, 4 mars 1915, consultée le 5 juillet 2013. [45]Barrett, Shooting the Civil War, cite aux pages 129 et 130 Scott Simmon, The Films of D.W. Griffith (Cambridge University Press, Cambridge, 1993), p.111; Je retiendrais des publications au titre évocateur comme The Negro: the Southerner's Problem (1904) de Thomas Nelson Page ou The Truth about Lynching and the Negro in the South, in which the Author Pleads that the South Be Made Safe for the White Race (1918) de Winfield Hazlitt Collins.

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