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30/06/2019

Pride Month Music: Moyen-Orient + Afrique.

Jour 9.

 

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Bülent Ersoy est une icone dans sa Turquie natale. Son parcours semé d’embuches et de controverses forceBülent Ersoy.jpg respect et admiration.

Née en 1952, elle est assignée mâle à sa naissance. Dans les années soixante-dix, elle débute une carrière de chanteur en s’illustrant dans le répertoire classique turque. Au cinéma, elle joue le rôle de jeunes hommes cisgenres hétérosexuels androgynes et naïfs. La célébrité homosexuelle qu’elle était alors, est tolérée par la société. Cependant, tout va changer dans les années quatre-vingt.

Alors que le coup d’état du 12 septembre 1980 laisse place à un régime militaire conservateur et fasciste, l’artiste entame sa transformation physique. Elle porte des vêtements féminins sur scène et subit une opération mammaire. Elle écope de quarante-cinq jours de prisons pour avoir montré sa poitrine à la foire internationale d’Izmir. En 1981, elle achève sa transition à Londres puis, retourne dans son pays. Après plusieurs examens physiques, elle est déclarée déviante par les tribunaux du régime. Le gouvernement fait fermer les maisons de passe où travaillent des personnes transgenres et, les artistes transgenres n’ont plus le droit de se produire sur scène. Etonnement, c’est un loi obligeant les femmes à obtenir une autorisation de la police pour jouer en public qui empêchera Bülent Ersoy d’apparaître sur scène. La chanteuse conteste cette décision devant la justice jusqu’en 1983. Elle n’obtient pas gain de cause et, suite à une tentative de suicide ratée, part en Allemagne. Là-bas, elle continue à jouer dans des films turques puis, vit un temps en Australie. Durant ses cinq années d’exil, sa popularité est florissante.

Quand elle enregistre en 1988 une chanson patriotique turque, le Parti de la mère patrie alors au pouvoir, l’invite à revenir au pays. Bülent Ersoy est autorisée à se produire publiquement mais, les autres artistes transgenres ne bénéficient pas de ce droit. Les personnes transgenres qui ont finalisé leur transition peuvent, en revanche, refaire une demande de changement d’état civil.

Le coming-back de l’artiste en que femme sexy est dans l’ensemble bien accueilli malgré des faits de violence, la première année, parmi le public à ses concerts. Rien n’est toutefois comparable au tir de cinq balles lors d’un spectacle auquel elle survit en 1989. Le coupable, un ex-membre des loups gris (groupe paramilitaire ultranationaliste) voulait écouter l’hymne de l’organisation mais, la chanteuse refuse. L’homme invoquera un bar enfumé et le fait qu’il n’est pas assez mangé pour justifier son acte.

Sa carrière est en plein essor dans les années quatre-vingt dix et, elle anime sa propre émission télévisée. Sur le petit écran, elle délaisse ses tenues sexy pour s’habiller de manière conservatrice. Bülent Ersoy se présente comme une femme musulmane et nationaliste de la classe supérieure et mentionne souvent Allah dans ses chansons. En 1995, elle enregistre l’appel à la prière que l’Islam interdit aux femmes de réciter. Bien qu’il crée la polémique, le morceau prouve qu’elle est acceptée en tant que femme. En 2007, elle fait couler de l’ancre dans Popstar Alaturka, la version turque de La nouvelle star où elle est jurée. Suite à l’assassinat du militant turque-arménien des droits de l’homme Hrant Dink, le télé-crochet débute avec une chanson arménienne et des centaines de personnes marchent dehors en scandant « Nous sommes tous arméniens ». L’artiste explique alors qu’en tant que fille venant d’une famille musulmane, elle ne pourrait jamais se déclarer arménienne. L’année suivante, elle fait encore parler d’elle dans l’émission après avoir dit que si elle avait des enfants, elle ne les enverrait pas à la guerre. En Turquie, critiquer l’armée équivaut à de la diffamation et, on porte plainte contre elle. Après avoir fait une généreuse donation à une association militaire, elle est déclarée non-coupable. Cette controverse lui offre un joli coup de pub dans les régions kurdes, les ventes de ses albums grimpent.

Bülent Ersoy comptent vingt-sept albums dans sa discographie. Le premier, Konser 1 est sorti en 1976 et le dernier, Alaturka, en 2018. Ümit Hırsızı, son titre le plus récent voit le jour en mars 2019 et a été écrit par le chanteur Tarkan. Elle a joué dans une quinzaine de films.


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