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13/01/2014

Torka aldrig tårar utan handskar, Sjukdomen (1x02).

Alors que le premier chapitre de Torka aldrig tårar utan handskar avait valeur d’introduction, ce deuxième volet nous fait entrer dans le vif de l’épidémie du SIDA. Des révélations clés sont faites, nous offrant ainsi un épisode bouleversant de bout en bout. Diffusé en octobre 2012 sur la chaîne suédoise SVT1, « Sjukdomen », le titre de ce chapitre que l’on peut traduire par « maladie » porte bien son nom.

 

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Rasmus et Benjamin vivent une relation amoureuse classique et épanouie, bien que celle-ci soit cachée de leurs familles respectives. Benjamin décide même de s’installer avec son « ami » Rasmus, un garçon mystérieux qui serait plus rassurant aux yeux de ses parents s’il était un Témoin de Jéhovah lui aussi. Malheureusement, les envies de liberté de Rasmus auront raison de cette lune de miel. Alors que son petit ami veut d’une relation exclusive, Rasmus davantage intéressé par une union libre préfère papillonner de droite à gauche. Malgré leur vision discordante sur la vie de couple, l’amour que les deux jeunes hommes se portent l’un à l’autre crève l’écran. Les marques d’affection qu’a Rasmus envers Benjamin en présence de leurs amis sont naturelles et touchantes. Adam Pålsson et Adam Lundgren partagent une complicité belle et sincère.

Les souvenirs heureux d’enfance de Rasmus et Benjamin hantent la narration ponctuée d’allées et retours dans le temps. L’enchaînement des scènes fait parfois penser à un collage où bout à bout ont été alignés, dans le désordre, des épisodes marquants dans la vie des personnages. Bien qu’elle conserve une certaine logique, cette structure narrative non-linéaire m’a au début dérangée, car j’ai eu par moments du mal à me situer dans le temps. Les fins de scènes qui se clôturent souvent avec un climax abrupt ne m’ont pas facilité la tâche elles aussi. Néanmoins, à mesure que j’ai avancé dans le déroulement de l’histoire je suis parvenue à me repérer. Il y a une certaine circularité dans la réalisation et la narration qui fait écho au cycle de la vie imprégné ici de poésie.

En effet, la naissance, la renaissance et la mort sont des figures centrales dans « Sjukdomen ». Les souvenirs de vacances de Rasmus et Benjamin— à la mer pour l’un et dans une maison de campagne pour l’autre— sont là pour nous rappeler l’enfance et l’innocence révolues des deux jeunes hommes. Le coming-out du couple amorce le début d’une seconde vie exempte de mensonges, mais aussi le deuil que font des parents de leur fils et le deuil que celui-ci fait de sa vie familiale. On aura droit aux traditionnels « es-tu sûre » de ton homosexualité ? « Tu peux combattre ce mal qui te ronge » et « il existe un remède à tout ça ». Ces propos ont une résonnance toute particulière en ces années 1980 où les homosexuels étaient vus comme des damnés payant le prix de leurs « péchés » en attrapant le SIDA. Par ailleurs, l’épisode a l’intelligence d’évoquer par touches légères subtilement intégrées cette homophobie et le discours religieux qui y est attaché. Rabâcher ce genre de discours entendu maintes et maintes fois n’aurait fait qu’alourdir l’histoire. La foi de Benjamin n’est pas utilisée en soi comme un prétexte moralisateur, mais on l’explore dans sa complexité, sa contradiction. En outre, ses croyances, bien que raillées par Rasmus, ne sont pas diabolisées. Ce parti pris, du moins dans cet épisode, accentue l’aspect documentaire de la série qui souhaite avant tout immerger le téléspectateur dans un groupe de la communauté gay stockholmoise lors d’une période charnière.

 

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La mort rôde autour de nos héros et dans leur sympathique groupe d’amis qui ne serait pas pareil sans le flamboyant Paul, sosie suédois de Patrick Juvet. Bien que clichée, la scène où tout ce petit monde regarde Dynasty chez Paul apporte une bouffée de légèreté dans cet épisode qui en avait bien besoin. Les montages parallèles de scènes extrêmement poignantes avec d’autres séquences décuplent le drame qui se joue devant nos yeux sans pour autant que le ton soit exagéré. La poésie et la symbolique de certaines de ces séquences apportent charme et sensibilité à cette histoire sombre. L’interprétation des acteurs est juste de vérité, et on ne peut être qu’en empathie avec ces personnes sur qui le ciel s’effondre. Les dix dernières minutes de l’épisode centrées sur Bengt, un ami acteur de la bande, ajoutent à la difficulté de ce chapitre qui aura été allégorique jusqu’au dernier plan.

Ma réplique favorite: "Dynstay is not TV, it's a religious experience" (Paul).

 

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