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15/01/2015

Empire State of Mind.

Empire est la série que je trépignais de voir depuis son annonce aux Upfronts. J’adore les dramas, surtout lorsqu’ils gravitent autour de familles unies ou dysfonctionnelles. L’ensemble cast afro-américain et le milieu musical du hip-hop dans lequel se déroule la série avaient de quoi titiller mon intérêt. Cerises sur le gâteau, son co-créateur Lee Daniels, le rôle majeur de Terrence Howard et une bande son signée Timbaland. Sur le papier, Empire avait tout de la fiction prometteuse. A peine la première promo dévoilée, j’en faisais déjà une pépite, qui, incomprise du public américain serait vite annulée. Bien souvent, quand on fonde trop d’espoirs en une série on tombe de cent-deux étages comme de l’Empire State Building. Récit d’une déception imprévue.

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Empire suit les aventures du clan Lyon. Lucious (Terrence Howard) le patriarche, un ancien dealer reconverti en magnat de l’industrie musicale est à la tête d’Empire Entertainment. Se sachant malade, il lance une « compétition » à l’issue de laquelle l’un de ses trois fils deviendra PDG de la maison de production. Andre (Trai Byers), l’aîné de la famille est diplômé d’une université de l’Ivy League et travaille aux côtés de son père. Avide de pouvoir, c’est un fin calculateur encouragé dans ses ambitions par son épouse. Jamal (Jussie Smolett), le cadet, est un auteur-compositeur talentueux. Il tient à son indépendance artistique et assume tant bien que mal son homosexualité. Hakeem, le benjamin et le chouchou à papa est une future étoile montante du hip hop qui rêve de paillettes. Il  aime le luxe et la fête. Lorsque Cookie (Taraji P. Henson), la mère des garçons et ex-femme de Lucious est libérée de prison secrets et rancunes sont déterrés. Cookie a passé dix-sept ans derrière les barreaux pour trafic de drogue, celui-là même qui a permis de financer la carrière de Lucious et Empire Entertainment, la boîte qu’ils ont ensemble co-créé. Cookie est une grande gueule revenue réclamer sa part du gâteau mais aussi une mère aimante.

Dès la première scène, le pilot nous plonge dans l’univers musical dans lequel baignent les Lyon avec une séance d’enregistrement en studio. Si je suis rentrée sans difficultés dans l’histoire, la structure narrative m’a elle posée problème. En effet, j’ai eu davantage le sentiment de visionner un empilage de scènes sans aucuns liens logiques entre elles. J’ai également manqué de repères spatio-temporels. D’une part, la chronologie de l’histoire est parfois décousue. Les séquences où l’on voit Lucious à l’hôpital sont trop courtes et n’apportent pas grand intérêt à l’intrigue si ce n’est celui de créer un faux mini suspens— de quoi Lucious peut-il bien souffrir ? Les flashbacks certes utiles, jouent trop sur la corde mélodramatique avec ces musiques extradiégétiques conçues par Hollywood pour vous arracher une larme. Ma remarque clichée l’est tout autant que ces scènes. S’il y a bien une chose qui m’insupporte c’est cette manie de vouloir contrôler les émotions des téléspectateurs par ce genre de procédés. Les scénaristes ont donc raté leur objectif lacrymal avec moi et, à cause de cette exagération, l’importance, l’impact, de ces scènes m’a laissée insensible. L’autre problème de taille qui m’a dérangée concerne l’âge des acteurs. Moins de quinze ans séparent Terrence Howard et Taraji P. Henson des jeunes hommes qui interprètent leurs deux fils. Si l’on donne facilement plusieurs années de moins à Jussie Smollett, ce n’est pas le cas de Trai Byers. Alors pour rester dans les clichés, j’ai supposé que les Lyons avaient été parents à l’adolescence. Les flashbacks ont en parti infirmée mon idée mais, il reste une zone d’ombre concernant Andre vu qu’il n’apparait pas dans ces séquences.

L’histoire et les storylines amorcées par le pilot n’ont rien d’original. L’absence de la figure maternelle ou encore les relations conflictuelles père-fils sont des thématiques vendeuses mais, encore faut-il les rendre un tant soit peu intéressantes. Pour l’instant, Empire n’a fait que les effleurer et on ne peut lui en tenir rigueur car il s’agit du pilot. Néanmoins, j’attends beaucoup de la relation Lucious/Jamal. Le flashback où un petit Jamal s’habille en femme et attise les foudres de Lucious était affligeant. En 2015, comment peut-on encore dire que « les garçons qui piquent les vêtements de leur maman sont gays » ? C’est tellement binaire ! Cette scène a selon moi deux buts. Premièrement, insister sur la « différence » de Jamal par rapport au milieu dans lequel il grandit. Deuxièmement, créer un catalyseur dans les conflits, la distance père-fils. Ah, et but complémentaire mais non des moindres : si vous ne l’aviez pas déjà compris Jamal est d-i-f-f-é-r-e-n-t ! Bon, trêve d’ironie, j’espère que la série sera allé au-delà de l’homophobie paternelle comme fondement de leur froid, qu’elle creusera plus loin afin d’expliquer cette situation. En parlant de Jamal, il me tarde de découvrir comment les scénaristes vont aborder sa sexualité. Le hip-hop est un milieu connu pour son homophobie. Empire se doit de traiter cet aspect du « business » sans pour autant dépeindre un tableau tout noir. De plus, il ne suffit pas de dénoncer l’homophobie, il faut montrer et expliquer ses rouages. Comme beaucoup d’autres personnes, j’attendrai les scénaristes au tournant avec cette storyline.

La libération de Cookie, on le comprend d’emblée, sera en autres l’occasion de rattraper le temps perdu auprès de ses fils. Hormis les coups de balai que Cookie assène à Hakeem, ces retrouvailles familiales ne m’ont pas marquée. Il me manquait ce truc en plus pour que l’émotion soit au rendez-vous. A la rigueur, j’aurais préféré que les scénaristes en fasse des tonnes comme ça j’aurais pu leur reprocher d’avoir fait l’effort de ne pas rendre ces moments clés quasi banals. Puisque je suis lancée sur le dossier Cookie, je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin. La facilité avec laquelle l’ex Madame Lyon semble refaire surface hors de prison m’a particulièrement frappée. Après dix-sept années derrière les barreaux, j’ai du mal à croire que l’on puisse revenir parmi les siens comme si on avait passé tout ce temps à l’étranger ou en vacances. Cookie à l’air d’être une femme coriace au caractère fort et elle a dû en voir des vertes et des pas mûres. Cependant, je ne conçois pas qu’elle ait pu sortir totalement indemne de cet enfermement. Elle a été séparée de ses enfants, seul l’un d’entre eux lui rendait visite au parloir et son mari à divorcer. Tous ces facteurs et bien d’autres l’ont forcée à se construire une carapace mais, j’aurais aimé entrevoir des fissures dans cette armure de béton. Certain-e-s me diront qu’il faudra laisser les épisodes faire leur œuvre pour cela. Certes, mais en soulignant la détermination du personnage, cet esprit de vengeance qui l’anime les scénaristes n’ont pas rendu très crédible son retour à la vie « normale ».

Dans l’ensemble, les personnages d’Empire sont stéréotypés. Hakeem est le parfait prototype du rapper bling bling pour qui célébrité rime avec argent, filles en pagaille et drogue. Jamal est l’artiste libre-penseur qui refuse les codes du « business » et le fils à maman donc il est forcément gay. Andre tient de son père, il est assoiffé de pouvoir et de succès. Parmi tout ce monde, il y Cookie le roc, la gueularde de service aux tenues extravagantes. J’ai le sentiment qu’elle va mener pas mal de personnes par le bout du nez et se retrouver avec des cartes importantes en main. Malgré les défauts que j’ai soulignés auparavant, ce personnage tire plutôt bien son épingle du jeu et l’interprétation de Taraji P. Henson y est pour beaucoup.  Bref, Cookie me redonne espoir en la série.  Elle a un rôle important à jouer au sein d’Empire Entertainment qui est en majorité dominée par des hommes. Une fois encore j’attends les scénaristes au tournant quant à la manière dont ils feront évoluer ce personnage dans un univers masculin. Pour rester dans le positive, les séquences musicales de l’épisode étaient réussies. J’ai adoré le duo improvisé entre Hakeem et Jamal, leur complicité crevait l’écran. Le solo de Jussie Smollett était lui aussi excellent. Si dans son pilot Empire brille par ses faiblesses, elle a su s’appuyer sur le talent musical de ses acteurs.

Au bout du compte, pourquoi regarder Empire après le portrait peu attrayant que je viens d’en dresser ? Parce que toutes les séries— enfin presque— devraient avoir droit à une seconde chance. Parce que c’est une série musicale qui offre des compositions de qualité. Parce que cette série musicale n’a pas été créée par Ryan Murphy mais Lee Daniels. Parce qu’elle sera peut-être annulée. Sur ce, je vais regarder le deuxième épisode en espérant qu’on ne puisse tomber plus bas sur l’échelle de la déception.

 

23:20 Publié dans Pilot, séries | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Je pense que je vais attendre avant de me lancer dans la série finalement. Si le pilote est un peu décevant, peut-être que ça passera bien en marathon... Sinon tant pis mais je ne me jetterais pas sur cette série tout de suite en tout cas.

C'était très sympa de lire ton avis sur le sujet !! :)

Écrit par : Mister D | 18/01/2015

Salut D, merci d'être passé dans le coin! Si tu as beaucoup de séries à regarder le marathon est en effet une bonne idée. Cet été par exemple avec plusieurs séries en pause ça te laisse le temps de décider si elle le vaut le coup pour toi ou pas.

Écrit par : thandie. | 21/01/2015

Les commentaires sont fermés.