Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/01/2015

The Legacy : bureau des affaires familiales.

En quête de découvertes sérielles sur notre continent, ma curiosité s’est tournée vers la Scandinavie et plus particulièrement le Danemark. The LegacyArvingerne en VO— est un drama diffusé sur DR1. La première saison, longue de dix épisodes et diffusée à partir de  janvier 2014 fut couronnée de succès dans son pays. La seconde qui compte sept épisodes est en cours de diffusion. Avant même que la série ne passe à l’antenne au Danemark, la chaîne britannique Sky Arts en a acheté les droits. Ainsi, nos voisins d’outre-Manche découvrent la saison une depuis novembre dernier. De leur côté, la France et l’Allemagne auraient fait des offres d’achat tandis que l’Australie aurait acquis les droits de la série en DVD. La DR Fiktion (The Killing, Borgen) produit la série créée par Maya Ilsøe. Avant d’en visionner le pilot, j’ignorais que The Legacy suscitait un tel engouement. Je m’attendais à vivre un dépaysement divertissant mais, certainement pas un coup de foudre.

 

The Legacy.jpg

 

Veronika Grønnegaard (Kirsten Olesen) est une célèbre artiste subversive et excentrique. Spectateurs de cette vie haute en couleurs, ses enfants aujourd’hui adultes ont en subi les conséquences. Leur éducation laxiste a marqué chacun d’entre eux de son empreinte. Frederik (Carsten Bjørnlund), le fils aîné, marié et père de deux enfants n’a pas vu sa mère depuis un an. Il rejette le mode de vie et les valeurs de cette dernière. A contrecœur, il accepte que ces enfants voient leur grand-mère mais non sans crainte qu’elle ne « corrompe » leur jeunesse. Emil (Mikkel Boe Følsgaard), son frère, est exilé en Thaïlande où il bâtit des maisons. Lorsqu’il est en mal d’argent, il contacte leur mère afin qu’elle finance ses constructions. Gro (Trine Dyrholm), leur demi-sœur, est galeriste et, de par sa profession elle est proche de leur mère. Elle doit s’accommoder des extravagances et des humeurs d’une Veronika à la franchise parfois blessante. Signe (Marie Bach Hansen), l’autre fille de Veronika a été confiée par cette dernière à l’adoption mais ignore tout de son histoire. Le décès soudain de Veronika oblige la fratrie à se réunir et dans son sillage, débute un règlement de succession compliqué.

The Legacy à l’étoffe d’un excellent drama familial faisant écho à Six Feet Under. Tout comme dans la série d’Alan Ball, la mort est ici génératrice de retrouvailles, rapprochements et conflits fraternels. Les scénaristes la dépeignent avec une honnêteté  et un réalisme qui m’ont touchée de près. La mort tombe comme un couperet sur le clan Grønnegaard et prend aussi le téléspectateur au dépourvu. Cette brutalité, m’a rappelée le décès de Nathaniel Fisher Sr., un écho d’autant plus troublant car cet épisode se déroule à Noël. Les scènes à l’hôpital m’ont aussi fait penser à des séquences déchirantes de Six Feet Under— ceux qui connaissent la série comprendront ce dont je parle.

A l’image de sa consœur américaine, The Legacy développe des thématiques simples au fort pouvoir émotionnel. Elle dresse le portait des Grønnegaard, une  famille aussi dysfonctionnelle et désunie que l’étaient à une époque les Fisher. Veronika, l’artiste baroque bouillonnante de créativité est un personnage flamboyant. Thomas (Thomas Konrad), son ex-mari, est un artiste has-been barré qui vit dans une caravane. Leur fille Gro est une femme indépendante et forte. Frederick, s’il dégage de la froideur n’est pas totalement détestable. Les scénaristes ont su le rendre humain et, il me tarde de savoir pourquoi il s’est brouillé avec sa mère. Pour le peu qu’on en voit, Emil à l’air du type sympathique qui profite de la vie. Signe, quant à elle, est une jeune fille plutôt réservée et à l’existence bien rangée.

La série peint un tableau familial par touches d’éloquence qui émaillent le pilot. Elle puisse notamment sa force dans ce sens de la progression et dans un certain minimalisme qui n’en est pas moins violent. La scène où un Frederick déguisé en Père Noël apprend le décès de sa mère mais décide de poursuivre sa soirée normalement en est une illustration. L’impassibilité de l’homme met mal à l’aise. Cependant  cette photo de famille où union et complicité règnent m’en a fait presque oublier la nouvelle apprise plus tôt. Elle est de l’acabit de ses réunions entre Braverman qui vous émeuvent avec un rien. Néanmoins, les séquences où Veronika fait abattre un sapin pour son petit-fils puis fait faire un trou dans le plafond pour qu’il tienne debout dans le salon, la scène où Thomas joue de la musique avec le petit Villads n’ont rien à envier à Parenthood 

Si le lien maternel Veronika/Signe semble cousu de fil blanc, les détails qui entourent cette histoire sont eux inattendus. La capacité du pilot  à entraîner le questionnement du téléspectateur, à le mener vers de fausses suppositions est aussi un atout. Cependant, la sobriété est la qualité maîtresse de cet épisode. Elle s’exprime comme un besoin impérieux d’en dire moins pour en suggérer le plus. Les scènes de disputes n’en sont pas vraiment, une certaine placidité les imprègne bien que les tensions soient à leur comble. Le jeu impeccable des acteurs s’harmonise avec ces idées. Le générique de la série, tout en esthétisme et métaphore est sublime. Il illustre l’éclatement familial des Grønnegaard dispersés aux quatre vents mais aussi les liens fraternels brisés et les querelles testamentaires qui vont déchirer le clan.

Le pilot de The Legacy, captivant de bout en bout, plante efficacement son décor. Il s’appuie sur une histoire maîtrisée, une écriture tout en finesse et des personnages touchants, imparfaits. Si l’envie de binge-watcher la série est plus que tentante, un visionnage à dose homéopathique permettra de savourer chaque épisode à sa juste valeur. Les premiers épisodes de la saison deux pour l’instant introuvables et les rares sous-titres anglais de cette saison obligent aussi à modérer son visionnage. Un épisode tous les deux jours ou chaque jour— pour les plus gourmands— devrait faire l’affaire. The Legacy vous fera oublier que vous attendez le retour des Pfefferman depuis une éternité et vous consolera quand vous ferez votre deuil des Braverman. Voilà une série qui irait bien dans la grille d’Arte!

 

Voici le trailer de The Legacy  pour son lancement en Angleterre.

 

20:56 Publié dans Pilot, séries | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Je ne connaissais pas, mais ça donne plutôt envie. J'aime bien les histoires familiales et ta comparaison à Parenthood ne peut que m'intéresser. Et puis n'ayant jamais vu une série Scandinave jusqu'à présent, je suis assez curieuse d'essayer.
A l'occasion, je regarderai le pilote.

Écrit par : Meylleen | 21/01/2015

Hey Meylleen, quelle bonne surprise! C'est cool si je t'ai donné envie de voir The Legacy. Cette série vaut le coup et, elle est addictive. Je me retiens de ne pas m'enfiler la saison une d'un coup.

Écrit par : thandie. | 24/01/2015

Les commentaires sont fermés.