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22/06/2019

Pride Month Music: Europe.

Aujourd'hui, nous prenons la direction du vieux continent pour nous arrêter au Royaume-Uni. Rendez-vous mercredi afin de poursuive notre escale européenne.

Jour 7: Ireland du Nord + Angleterre.

 

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Bridie Monds-Watson plus connue sous le pseudonyme de SOAK est une autrice-compositrice-interprèteSOAK.jpg d’Irlande du Nord. Adolescente, elle commence à jouer de la guitare et écrire ses chansons. Sur la scène musicale de Derry où elle joue régulièrement, la jeune fille se constitue peu à peu une communauté de fans.

En 2012, alors qu’elle n’a que seize ans, elle sort les EP’s Train et Sea Creatures. Deux années se sont écoulées lorsque le groupe écossais Chvrches lui propose d’enregistrer un EP avec le label Goodbye Records dont ils font partie. Blud est le résultat final de cette invitation.

Son premier album, Before We Forgot How to Dream, produit par la maison de disque indépendante Rough Trade Records, voit le jour en 2015. Celui-ci se classe vingtième dans les charts irlandais et quarantième dans ceux du Royaume-Uni. La même année, un Choice Music Prize (prix décerné en Irlande au meilleur album de l’année) vient récompenser l’artiste. Cette dernière devient la plus jeune nominée pour un Mercury Prize qui prime, annuellement, le meilleur album sorti au Royaume-Uni et en Irlande. Le magazine britannique Q la sélectionne dans sa catégorie révélation musicale en 2015. Son second opus, Grim Town, arrive en 2019 et reçoit un accueil critique positif.

La pop-rock mélancolique de SOAK ne m’a pas convaincue dans son ensemble. Toutefois, certains titres comme B a noBody, Everybody Loves You et I was Blue, Technicolor Too tirent leur épingle du jeu. Les mélodies de l’artiste empreintes d’une vibe retro, n’ont pas cédé à la mode de l’électro à tout va et séduiront les nostalgiques.

SOAK a fait son coming-out lesbien à quatorze ans mais, sa notoriété l’a obligée à se confronter aux nombreuses questions quant à sa sexualité. Lassée d’y répondre, la jeune fille de dix-huit expliquait en 2015 au Irish Examiner que cette curiosité la dérangeait et le fait qu’on analyse sa vie privée alors qu’elle était encore une adolescente lui paraissait bizarre. Si SOAK préfère que l’on se focalise sur sa musique, elle n’en reste pas moins une LGBTQ+ qui se fait entendre. Elle a dénoncé l’homophobie présente en Irlande, pays divisé par la religion. Quand le référendum de mai 2015 a légalisé le mariage pour tous en Irlande du Sud, la jeune artiste a partagé son émotion sur les réseaux sociaux, invitant le voisin du nord à en faire de même.


 

 

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Anohni.jpgAnohni, anciennement connu sous le nom d’Anthony est la leader du groupe Antony and the Johnsons aujourd’hui en hiatus. Née dans le Sussex de l’Ouest, en Angleterre, sa famille et elle déménagent souvent avant de s’installer dans la région de San Francisco. En 1990, la jeune femme part étudier à New York et y fonde, deux ans plus tard, la troupe de transformistes Blackclips avec Johanna Constantine et Psychotic Eve. La troupe avant-gardiste devient célèbre sur la scène underground new-yorkaise. Anohni, parfois appelée Fiona Blue fait découvrir sa voix extraordinaire au public et chante des morceaux qui apparaitront sur Antony and the Johnsons (2000), l’album éponyme de son futur groupe.

Après la sortie de I Am a Bird Now (2005), le deuxième album d’ Antony and the Johnsons, le groupe se fait un nom dans l’industrie musicale. Leur disque couronné d’un Mercury Prize est aussi élu album de l’année par le magazine Mojo. Anohni et ses comparses font une tournée mondiale avant de sortir quatre nouveaux opus : The Crying Light (2009), Swanlights (2010), Cut the World (2012) et Turning (2014).

Hopelessness (2016), le premier album solo de la chanteuse est un succès critique qui lui vaut une nomination au Mercury Prize et aux BRIT Awards en tant que meilleure artiste féminine de l’année 2017. L’EP Paradise sort en 2017.

La musique d’Anohni se démarque dans le forme et le fond de son travail avec Antony and the Johnsons. L’artiste y dévoile des sonorités électroniques au travers de chansons engagées. Hopelessness s’ouvre sur Drone Bomb Me qui, dans sa version vidéo, a pour héroïne Naomi Campbell. Dans les paroles l’artiste se met dans la peau d’une jeune afghane sous les bombardements américains. Ce titre qui critique la politique militaire des Etats-Unis n’est pas le seul à pointer du doigt les agissements du pays. Crisis dénonce son action interventionniste et la torture dans le Camp de Guantánamo. Execution s’attaque à la peine de mort. Obama dresse un bilan déplorable des deux mandats du président démocrate.

La destruction de l’environnement par l’homme est également un thème phare de cet album. 4 Degrees décrit un monde en surchauffe où la faune agonise. Why Did You Separate Me From The Earth?, Hopelessness et Marrow dénoncent la pollution et les catastrophes écologiques. Les six morceaux qui composent Paradise restent dans cette lignée militante. La planète terre y est dépeinte comme meurtrie par les guerres et les dégradations environnementales auxquelles l’homme la soumet. Les morceaux de chaque disque sont emmenés par le timbre puissant et chargé d’émotions de la chanteuse, rendant alors son message plus percutant.

En 2016, Anohni concourait avec l’auteur-interprète J. Ralph dans la catégorie meilleure chanson originale aux Oscars pour leur titre Manta Ray qui apparaît dans la BO du documentaire Racing Extinction. La chanteuse boycottera la prestigieuse cérémonie, mécontente qu’on ne l’ait pas invitée à se produire sur scène alors qu’elle était la première femme transgenre nominée.

Anohni vit à New-York et y a co-fondé Future Feminist Foundation, un collectif d’artistes unis par leur désir de s’émanciper de la société patriarcale.

 


 

Né à Londres, Leo Kalyan partage son temps de onze à dix-sept ans entre l’Angleterre et Lahore. CetteLeo Kalyan.png ville pakistanaise est limitrophe de l’Inde et, sa famille vit des deux côtés de la frontière. Nourrit par les films bollywoodiens et la musique classique indienne durant ses années au Pakistan, l’artiste reconnaît leur influence sur son style musical. Il cite également George Michael et Sade ainsi que la trip-hop de Massive Attack et Portishead parmi ses inspirations musicales.

En 2015, le chanteur sort Silver Linings, son premier EP. Le morceau Fingertips est un hit sur Spotify et rejoint la playlist 1Xtra de la BBC. Grâce à cet engouement, il fait des concerts à guichets fermés dans la capitale anglaise et se produit au festival Future Sounds en 2016. Cette année-là, il débarque aussi avec son deuxième EP Outside In. Le single Fucked Up raconte l’impact que son homosexualité cachée a eut sur ses relations personnelles. Son troisième EP, On the Edge (2018) se classe premier de la playlist 1Xtra. Sur celui-ci, l’artiste y livre des histoires personnelles et taboues.

La musique de Leo Kalyan est un mélange entre The Weeknd et Troye Sivan. Si ses deux premiers EP’s se laissent écouter, On the Edge, plus abouti, change la donne. Les clins d’œil à ses origines plus présents, apportent une saveur originale à sa pop. Les sensuelles Focus et The Edge séduisent avec leurs accents bollywoodiens. La pop/ RNB Quandeel Baloch et l’électro pop Horizon sont les intruses de cet opus placé sous une influence indo-pakistanaise. Je n’ai d’ailleurs pas accroché à Horizon, trop classique à mon goût. L’instrumentale God of Small Things, dépayse avec sa flûte et sa cithare tout comme Heathen où l’on entend un appel à la prière.

Il n’a pas été évident pour Leo Kalyan de concilier sa sexualité et sa foi musulmane. L’artiste pense aujourd’hui que ses deux parties de son identité sont compatibles et, il les assume fièrement.

Le jeune homme travaille actuellement sur un EP en hindi qu’il voudrait sortir en Inde et au Pakistan, non sans quelques appréhensions. L’homosexualité a été dépénalisée en Inde l’année dernière mais au Pakistan, c’est toujours un crime passible d’une amende voire d’une peine de prison. Espérons que ce projet musical aboutisse.


19/06/2019

Pride Month Music: Amérique du nord.

Aujourd'hui nous nous arrêtons en Amérique du nord. Après un rapide crochet par le Québec, nous irons aux Etats-Unis. Rendez-vous samedi direction le continent européen.

Jour 6: Québec + Etats Unis.

 

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Passionnée de musique depuis son enfance, Roxane Bruneau débute la guitare à l’âge de douze ans etRoxane Bruneau.jpg compose sa première chanson ayant pour thème la violence conjugale en 2003. Dix ans plus tard, la jeune montréalaise devient populaire sur la toile lorsqu’elle poste des vidéos humoristiques. Elle diffuse au travers de ses sketchs ses compositions originales. La vidéo de sa chanson Notre belle démence génère plus de deux millions de vues sur Facebook. Dans le sillage de ce succès, l’artiste sort Dysphorie (2017), son premier album. Celui-ci s’écoule à plus de vingt mille exemplaires et, le single J’pas stressée fait un tabac sur les ondes de CKOI. Le succès s’invite aussi sur scène où l’autrice-compositrice-interprète se produit à guichets fermés. Dysphorie est nominé au gala de l’ADISQ (Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo) dans la catégorie album pop de l’année et son interprète y concoure comme révélation de l’année 2018. Le festival suisse Pully-Lavaux à l’heure du Québec lui décerne le prix de révélation de l’année 2018 et l’artiste participe aux FrancoFolies de Montréal.

La pop-rock de Dysphorie n’a pas réussi à m’embarquer. Cependant, une sensibilité palpable se dégage des textes et des mélodies. La voix pleine d’émotions de Roxane Bruneau renforce ces sensations à fleur de peau. L’artiste y dresse avec sincérité un portrait doux-amer de l’amour.

En Mars dernier, la jeune femme a piégé sa compagne Caroline dans une vidéo Youtube pour la demander en mariage et, son amoureuse a dit oui!


 

 

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Julien Baker.jpgJe ne me rappelle plus comment j’ai découvert Julien Baker il y a quelques années. Seul le souvenir de sa folk émouvante m’est restée, impérissable.

Originaire de Memphis, la jeune femme apprend à jouer de la guitare avec celle de son père. Elle étudie l’ingénierie du son et pendant ses années estudiantines écrit ses premières chansons. L’appel de la musique se faisant plus fort, elle co-créée en 2010 le groupe Forrister, anciennement The Star Killers.

En 2014, elle met en ligne sur la plateforme Bandcamp son premier EP. Celui-ci rebaptisé Sprained Ankle sort en version mastérisée (2015) via le label 6131 Records. Ce premier album est salué par la critique. Deux ans plus, elle dévoile le titre Decorated Lawns. Lors de son live au NPR Music Tiny Desk Concert, Julien Baker révèle Funeral Pyre qui sort en tant que single en 2017 comme Distant Solar System. La même année, Turn Out the Lights, son second album est un succès critique. Cette fois-ci, l’artiste a signé chez Matador Records. Elle ouvre les concerts d’artistes tels que Death Cab for Cutie, The Decemberists, Belle & Sebastian ou encore Paramore. C’est aussi à cette époque qu’elle fait ses premières apparitions télévisées nationales.

On ne ressort pas indemne en écoutant du Julien Baker. Sa folk minimaliste et fragile laisse à fleur de peau. Au travers de textes poétiques bruts et sans concessions, la jeune femme décrit le mal-être et la dépression, etc. Son écriture aux accents mélancoliques fait écho au spleen d’un Nick Drake.

Julien Baker est lesbienne et chrétienne. En 2018, elle a co-fondé le groupe boygenius avec Phoebe Bridgers et Lucy Dacus.


 

 

Dorian Electra est un.e auteur.ice compositeur.ice interprète et artiste texan.e. Iel se fait remarquer en 2010Dorian Electra.png après la sortie du clip vidéo Love with Friedrich Hayek. Ce dernier vante la philosophie de l’économiste autrichien Friedrich Hayek. En 2011, iel sort les vidéos Roll with the Flow et We Got it 4 Cheap. Un an plus tard, la vidéo de FA$T CA$H est récompensée par la Moving Picture Institute. Une flopée de singles vidéo suivent à leur tour: Party Milk (2012), What Mary Didn't Know (2014), Forever Young: A Love Song to Ray Kurzweil (2015).

En 2016, l’artiste partage son Ode to the Clitoris sur le site Refinery29 en retraçant son histoire de la Grèce Antique à aujourd’hui. Iel poursuit sa collaboration avec le site lors d’une série de vidéos sur le féminisme intersectionnel, l’histoire des vibromasseurs, des talons hauts et célèbre 2000 ans de transformisme (2016). 2000 Years of Drag a d’ailleurs été diffusée à plusieurs festivals de cinéma LGBT.

La pluie des singles avec ou sans vidéo continue à pleuvoir de plus belle : Mind Body Problem (2016) parle de la féminité en tant que rôle joué, Jackpot (2017) aborde la fluidité de genre, Career Boy, VIP et Man to Man sortent en 2018, 2 Fast, Flamboyant et Daddy Like arrivent en 2019.

Soyons honnêtes, ce ne sont pas pour ses talents vocaux que l’on écoute Dorian Electra. Si je regrette la voix naturelle de ses premières chansons remplacée dans ses derniers titres par un timbre vocodé, l’univers artistique et visuel de Dorian Electra reste toujours aussi attrayant. Des looks extravagants composent les univers tape-à-l’œil de ses clips où, chaque détail est travaillé. Visionner un clip de Dorian Electra, c’est un peu comme regarder un court-métrage. Sa vidéographie permet aussi d’assister à son évolution physique. Peu à peu, l’artiste s’émancipe de son « costume » féminin pour adopter une image traditionnellement associée aux hommes. Et la moustache presqu’à la Salvador Dalí, je suis fan.

Les thèmes abordés par l’artiste ont eux également, tout leur intérêt. Man to Man, plaidoyer envers la masculinité toxique, est l’un de mes morceaux préférés. Utiliser sa force physique, se battre ne font pas de quelqu’un un homme, s’adoucir et ouvrir son cœur demande davantage de courage, explique-t-iel. Career Boy s’intéresse à un drogué du travail et aux conséquences de son addiction avec dérision. Dans Flamboyant  l'artiste célèbre l’excentricité qui fait de lae un être unique.

Dorian Electra est genderfluide. En 2017, iel était en duo sur le titre Femmebot de Charli XCX avec le rappeur Mykki Blanco. Un jour, faudra que l'on m'explique pourquoi iel fracasse presque tout le temps des objets en verre contre la tête dans ses vidéos.

 

 

 

Parson James.jpgNé d’une mère blanche et d’un père afro-américain, Parson James est élevé seul par sa mère adolescente. Cette dernière est mise à la porte par ses parents lorsqu’ils apprennent qu’elle attend l’enfant d’un homme noir. Le couple vit un temps chez la grand-mère paternelle de Parson avant que l’addiction de son père ne les sépare.

Dans sa caroline du Sud natale, le jeune homme enregistre ses premières chansons sur un ordinateur, inspiré par les chants gospel qu’il entend à l’église. Lorsqu’à 16 ans il visite New York avec sa mère, c'est le coup de foudre. A mille lieux de sa petite ville du Sud profond, la grosse pomme est une mégapole cosmopolite. Il y croise pour la première fois des personnes gays, une sexualité mal vue dans sa bourgade et qu’il tente de refouler depuis des années. Malgré le scepticisme maternel, Parson James, encouragé par sa conseillère d’orientation, déménage à New York après avoir reçu son diplôme secondaire.

Une fois là-bas, il vit de petits boulots tout en se produisant sur des scènes ouvertes et est refusé cinq fois par le télé-crochet American Idol. Bien déterminé à percer, l’artiste continue à sortir des demos et, son acharnement fini par payer. En 2015, il sort le single Stole the Show co-écrit avec Kygo. Cette chanson devient un hit dans plusieurs pays et, lui vaut d’être signé par le label RCA Records. En 2016, il sort son EP The Temple via Sony Musique.

L’influence du RNB/ soul de Parson James imprègne fortement ses mélodies où il promène sa voix puissante avec une aisance déconcertante. Sinner Like You m’a particulièrement émue. Dans la première partie du clip vidéo, Parson James évoque l’histoire de sa naissance, du racisme dans sa famille et de l’intolérance dont sa mère souffrait dans leur ville. La partie chantée de la vidéo est un sobre piano-voix durant lequel l’émotion de l’artiste est plus que palpable. Malheureusement, la version studio, trop travaillée, perd ce côté sensible. Temple et son rythme enjoué n’en reste pas moins un titre touchant. Parson James y dénonce le rejet de l’autre dans son clip et s’adresse à Dieu dans ses paroles. Waiting Game et son piano-voix a quelque chose de Ray Charles. Only You allie piano, cordes et percussions avec une simple efficacité. Sad Song, plus travaillée, est le prototype de la chanson faite pour passer en radio. Slow Dance With The Devil conclu subliment cet EP placé sous le signe de confidences à cœur ouvert. Espérons qu’un premier album soit en projet.


15/06/2019

Pride Month Music: les Caraïbes.

Aujourd'hui, nous prenons la direction des Caraïbes. Au programme, escales à Cuba, Puerto Rico, la Jamaïque puis la Guadeloupe et la Martinique. Rendez-vous mercredi afin de poursuivre notre voyage musical en Amérique du Nord.

 

Jour 5: Cuba + Puerto Rico + Jamaïque + Guadeloupe/ Martinique.

 

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Krudas Cubensi est un duo de hip-hop afro-cubain queer féministe composé d’Odaymara Cuesta etKrudas Cubensi.jpg Olivia Prendes. En 1996, iels font leur entrée sur la scène hip-hop cubaine puis, en 1998 fondent avec d’autres artistes la troupe de théâtre de rue Tropazancos Cubensi à laquelle se joint Odalys, la sœur d’Odaymara. Après leur passage au festival annuel de rap d’Alamar (quartier de La Havane), Odaymara, Odalys et Olivia forment Krudas Cubensi en 1999. Combler le manque de femmes sur le devant de la scène hip-hop nationale tout en inscrivant leur musique dans un discours féministe motive la création du trio. Lorsqu’iels se produisent au festival de hip-hop de La Havane (2000), leurs travaux artistiques précédents leur valent déjà une petite notoriété auprès de rappeurs et producteurs connus dans le milieu underground. En 2005, iels participent à la création du collectif de rap féminin Omega Kilay toujours guidé.e.s par l’objectif d’offrir une visibilité aux femmes sur la scène havanaise.

Cubensi Hip Hop, leur premier album, sort en 2003 puis en 2005, leur second opus, Kandela. La popularité du groupe se faisant grandissante, iels reçoivent plusieurs invitations pour se produire à des festivals internationaux mais, le gouvernement cubain refuse leurs autorisations de voyage. Par conséquent, iels décident d’immigrer en 2006 aux Etats-Unis pour partager leur art avec des activistes du monde entier, se battre pour la justice sociale internationalement et sensibiliser les gens quant à l’isolation des lesbiennes afro-latines et caribéennes. L’année suivante, iels sortent Resistiendo puis, suivent quatre autres disques : Krudas Compilación (2009), Levántate (2012), Poderosxs (2014) et Highly Addictive (2016).

Krudas Cubensi conjuguent activisme, musique et performance scénique. Leurs paroles dénoncent une variété de problèmes sociaux (tels que le racisme, le sexisme, le patriarcat, le machisme, l’homophobie, la lesbophobie, le classisme et l’agisme) et sont ancrées dans un discours féministe afro-latinx. D’ailleurs, le duo qualifie sa musique de « consciente ». Le but premier de celle-ci est de rendre visible les expériences des personnes queers, racisées, des femmes et des migrant.e.s.

La musique engagée de Krudas Cubensi oscillant entre hip-hop et slam m’a rappelée celle du collectif afro-américain The Last Poets, de Gil Scott-Heron ou encore Saul Williams.

Aujourd’hui iels vivent à Austin au Texas et se produisent à travers le monde sans Odalys qui a quitté le groupe en 2010.

 


 

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Kevin Fret.jpgKevin Fret était le premier artiste de latin trap ouvertement gay. Né à Puerto Rico, le jeune homme fait son coming-out à l’âge de dix-huit ans. Ses parents au départ intolérants finissent par accepter sa sexualité et le soutiennent dans sa carrière. Il peut compter aussi sur le soutient de sa sœur Doryann.

Kevin Fret participe aux compétitions de chant La Banda et Solo Tu Voz avant que sa carrière ne démarre en 2018. La même année, il sort en Avril le clip de son premier single Soy Asi. Le chanteur ne fait pas dans la demi-mesure. Il y arbore un look androgyne entouré de jeunes femmes et armée d’une mitraillette, chantant fièrement sa différence. « Vous avez beau me haïr mais je suis ainsi », « je m’habille » différemment, « je me maquille » et « ça vous déconcerte » lance-t-il à ses haters. Le jeune artiste tenait souvent tête à ces derniers sur les réseaux sociaux afin de dénoncer le harcèlement.

Il sort également en 2018 le morceau Me Compre Un Full Kevin Fret Remix ainsi que Diferente, un duo avec Mike Duran.

Le 10 janvier 2019 alors qu’il circulait à bord de sa moto, Kevin Fret est abattu de plusieurs balles par un tireur non-identifié. Cette mort soudaine fait encore couler de l’encre à Puerto Rico.

Kevin Fret était un chanteur en plein essor. Connu pour ses tenues vestimentaires extravagantes, il voulait pousser les artistes émergents à croire en leurs rêves.


 

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Les mélodies de Diana King mêlant reggae, reggae fusion et dancehall font partie de la bande son de monDiana King.jpg enfance. J’associerais toujours Shy Guy à Bad Boys et, je me souviens encore des paroles de L-L-Lies trouvées dans un Star Club que je chantais en yaourt. Contrairement à d’autres artistes de mon enfance desquels j’ai écouté toute la discographie des années plus tard, je n’ai pas fait cette démarche avec la jamaïcaine. Sa musique n’était probablement pas assez dépaysante pour l’antillaise que je suis, ayant été bercée par le ragamuffin, la soca et d’autres genres musicaux caraïbéens. L’écriture de cet article a été l’occasion de rattraper mon retard.

Après avoir subi un viol en réunion à l’âge de treize ans, Diana King s’enfuit du domicile familial et trouve refuge dans la musique. A Kingston, elle chante du gospel dans les églises et se produit dans des clubs de chant privés. En 1994, elle fait les chœurs sur le titre Respect de Notorious B.I.G. Cette collaboration lui permet de décrocher un contrat chez Sony Musique, maison de disque avec laquelle elle enregistre une reprise de Stir It Up pour la bande originale de Rasta Rockett. L’année suivante, l’artiste sort Tougher Than Love, son premier album. Shy Guy, le premier single devient un tube qui se vend à cinq millions d’exemplaires dans le monde et rejoint l’OST de Bad Boys. En 1997, sa reprise de I Say a Little Prayer est incluse dans la BO du Mariage de ma meilleure amie et rencontre un succès dans les charts américains.  La même année, elle sort son deuxième opus Think Like a Girl qui se place premier dans la catégorie reggae du classement Billboard. Les singles L-L-Lies, Find My Way Back et Supa-Lova-Bwoy font un tabac. Cinq ans s’écoulent avant la sortie de Respect, son troisième disque. L’artiste reste cependant active entre temps. Elle collabore avec des artistes tels que Buju Banton, Shaggy ou encore Ziggy Marley ainsi que Céline Dion. En 2010, elle sort au Japon, Warrior Gurl, son quatrième opus produit par sa propre maison de disque ThinkLikeAgirL Music, Inc. Une sortie internationale de l’album rebaptisé pour l’occasion AgirLnaMeKING a lieu en 2012.

En 2012, Diana King devient la première artiste jamaïcaine à faire son coming-out publiquement. La chanteuse déclare sur Facebook ne plus vouloir « détourner les questions ni le sujet », deux réactions personnelles qui, selon elle, pouvaient traduire une certaine honte voire intolérance de sa part concernant l’homosexualité. Un Vanguard Award lui est décerné en Décembre 2012 aux Out Music Awards pour saluer son acte courageux dans une société jamaïcaine LGBTQ+-phobe. En 2015, le chanteur Shaggy affirmait dans un interview que les crimes homophobes n’existaient pas en Jamaïque mais, seuls les crimes passionnels entre gays. Suite à cela, Diana King a révélé son viol puis rappelé que la communauté LGBTQ+ était meurtrie et leurs droits inexistants.

Tougher Than Love, Think Like A Girl et Respect offrent une efficace fusion entre reggae, dancehall, rnb et pop des années 90. Leurs mélodies m’ont rendue nostalgique du rnb old school et, j’ai parfois eu l’impression d’écouter un disque de Janet Jackson. AgirLnaMeKING reprend ce même combo en y ajoutant une touche électro. La balade zouk Boobai sort du lot mais, c’est l’un de mes titres préférés. Le remix de Yu Dun Kno allie la dancehall à une touche musicale bollywoodienne et, ce morceau est une bombe. L’amour illimité, son duo avec Princess Erika est sorti en mai dernier. Les deux artistes y chantent l’amour universel et la tolérance.

En 2018, Diana King a annoncé qu’elle avait épousé sa compagne la violoniste jamaïcaine Mijanne Webster.


 

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Lycinaïs Jean.jpgC’est en réinterprétant des chansons de ses artistes préférés que Lycinaïs Jean se fait remarquer par le grand public et des artistes connus. Ses vidéos font le buzz sur Youtube et les réseaux sociaux pourtant, à l’époque, la musique n’est qu’un passe-temps amateur pour la jeune femme d’origine guadeloupéenne et martiniquaise.

Née dans une famille de musiciens, elle apprend à jouer de la guitare, du piano et de la batterie. Adolescente, elle se produit dans des cafés concerts et des banquets en tant que guitariste de Swing 7, le groupe de son parrain. Pendant les vacances scolaires, elle accompagne sur scène le groupe Soft pour quelques concerts à Paris et sur les podiums de fêtes communales en Guadeloupe.

En 2014, la jeune autodidacte sort Aimer, son premier single qui remporte un succès sur les ondes antillaises. L’année suivante, elle créée de nouveau le buzz avec le clip vidéo de Mwen enmé-w (Je t’aime). Dans ce dernier, l’artiste se met en scène en couple avec une femme et, fait ainsi son coming-out. Bien que dissuadée de ne pas être aussi « cash » et de céder la place à un couple hétérosexuel dans sa vidéo, Lycinaïs Jean explique : “On m’avait dit que ça casserait mon image, mais au contraire, je n’avais justement encore aucune image, puisque je débutais… Je ne voyais pas pourquoi j’allais m’afficher avec un mec”. Le clip de de Mwen enmé-w bouscule l’un des codes du zouk mettant toujours en avant l’amour hétérosexuel et en plus, l’artiste chante en créole. Une première qui ne plaira pas à tout le monde mais, généra des millions de vues sur Youtube et beaucoup de retours positifs.

En 2016, l’artiste sort son album Lycinaïs Jean où elle chante en français et créole. Mariage de zouk RnB et ballades, ce dernier offre un juste équilibre entre mélodies douces et entraînantes. Le temps de dix morceaux, la jeune femme y promène sa voix emplie d’émotions. Plusieurs chansons m’ont plu. L’antillaise que je suis a été embarquée par les titres zouk comme Si tu veux, Entre nous et Mwen enmé-w. Trop classique à mon goût, Aimer et ses accents folk/ compas reste toutefois un titre efficace. Les percussions et la guitare sèche font de Parfait Tourment une belle balade acoustique. Avant tout mêle la pop/rock avec une touche de reggae. L’arc-en-ciel est une chanson reggae dont le titre annonce la couleur et, Je suis condamnée est une autre balade que j’aime.

Le clip de Mwen enmé-w m’a beaucoup émue à sa sortie. Lycinaïs Jean est l’artiste qui me manquait lorsqu’au lycée je me posais des questions. Voir une personnalité antillaise assumer fièrement sa sexualité et l’affirmer à travers sa musique, m’aurait certainement aidé à m’accepter. J’ai grandi dans un environnement LGBTQphobe où les quelques représentations non hétérosexuelles auxquelles j’avais accès se réduisaient à des clichés ou au gay/ lesbienne de service dans telle ou telle série.

Je suis contente que Lycinaïs Jean qu’offre une visibilité à la communauté lesbienne antillaise et surtout, qu’elle nous délivre un message d'amour universel. Mayday, son nouveau single aux paroles très chaudes est sorti le 6 juin. Un clip vidéo tout aussi bouillant est venu l'illustrer le 14 juin.